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JEAN MIRAULT, soldat ARMEE du RHIN

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Le Carnet de Jean Mirault
Souvenirs d'un soldat de l'Armée du Rhin
(Juillet 1870 - Juin 1871)

Par Jean Renard et Jean-François Lecaillon

Qui était Jean Mirault

Carnet Jean Mirault
Campagne de l'Armée du Rhin
Capitulation de Metz
Bazaine jugé ses hommes
Prière républicaine 1870
Bibliographie guerre 1870


Qui était JEAN MIRAULT ?


Jean Mirault est né dans la commune de St-Benin d'Azy, le 12 juillet 1844.
Quoique nous ignorions précisément l'adresse de sa naissance, il est fort probable qu'il naquit au hameau de Sauvry où il passa toute sa vie, sauf bien sûr la période de son service militaire qui est l'objet de cette publication.
Son père, Jean Mirault, originaire de St-Jean-aux-Amognes, exerçait le métier de couvreur, comme beaucoup d'hommes de cette vieille famille des Amognes.
Républicain convaincu, Jean Mirault aîné fut arrêté et emprisonné quelques mois à Nevers lors du coup d'état du 2 décembre 1851.
Sa mère, Marie Durand, naquit à St Benin d'Azy dans une famille de laboureurs originaire de la région de St Benin-des-Bois.
Nous ignorons tout de son enfance. Les premiers documents que nous possédons sont deux livrets militaires conservés par Pierre Renard à Oussons-sur-Loire.
Ils nous apprennent qu'il fut inscrit sous le numéro 965 de la liste du contingent de la Nièvre, faisant partie de la 2ème portion de la classe de 1864.
La conscription se faisant alors par tirage au sort, il avait donc tiré le mauvais numéro et ne disposait pas de la somme importante, 2.800 Francs, qui lui aurait permis d'acheter son exonération (pour fin de référence, le salaire d'un petit fonctionnaire était alors aux environs de 700 Francs par an).
La loi Soult du 21 mars 1832 fixait la durée du service militaire à 7 ans. Cependant, Jean Mirault ne servit jamais 7 années consécutives.
Son livret militaire indique qu'il servit 2 courtes périodes, du 1er octobre au 31 décembre 1865 et du 5 janvier au 5 mars 1867, avant d'être incorporé le 19 mai 1867 au 69ème régiment de Ligne dans lequel il servit jusqu'à sa libération de captivité en Allemagne en 1871.
Faisant partie de la seconde moitié du contingent, il aurait été versé dans la réserve après avoir fait une période d'entraînement de base de trois mois en 1865.
Les menaces de guerre après la victoire de la Prusse à Sadova et l'expédition militaire en Italie auraient causé son rappel pour une autre période de trois mois au début de 1867, suivi par son incorporation à long terme en mai 1867.
Le 19 mai 1867, à Poitiers, il est incorporé au 69ème Régiment d'Infanterie de Ligne sous le numéro matricule 2629. Il mesure 1,59 m, a un visage rond, le front bas, les yeux châtain foncé, un nez moyen, une bouche moyenne, le menton rond, des sourcils châtains foncés, mais aucune mention n'est faite de la couleur de ses cheveux !
Il ne sait ni lire ni écrire, mais plus tard sans doute, ces négations seront rayées, suggérant qu'il ait appris à lire et à écrire durant son service militaire, entre 1867 et 1870.
Il est noté qu'il complète l'école du soldat le 20 mai 1867, l'école du peloton le 10 juin 1867 et l'école du bataillon le 25 juin 1867.
Il est affecté au 3ème bataillon et servira dans les compagnies suivantes :
- 20 mai 1867 : Fusilier dans la 6ème Compagnie (E)
- 22 mai 1867 : Fusilier dans la 4ème Compagnie (M)
- 16 février 1868 : Soldat de 2ème Classe dans la 3ème Compagnie (J)
- 1er septembre 1868 : Soldat de 2ème Classe dans la 1ère Compagnie (F)
- 21 juillet 1869 : Soldat de 1ière Classe dans la 1ère Compagnie (F).

Il excelle au tir puisque le 23 juin 1969, il se classe premier de sa Compagnie au tir à la cible à 200 mètres avec un total de 46 pour 6 balles sur 6 dans la cible.
Comme nous l'apprend son journal, en juillet 1870, son régiment part pour Metz où il servira dans l'Armée du Rhin.
Fait prisonnier après la capitulation de Metz le 27 octobre 1870, il sera incarcéré dans un camp de prisonniers de guerre à Kolberg en Poméranie, maintenant Kolobrzeg en Pologne, probablement jusqu'en juin 1871.

Revenu à Sauvry, il y exerce son métier de tisserand ainsi que celui de vigneron, pratique très commune à l'époque.
En effet, ces deux occupations ont des exigences saisonnières qui se complémentent et assurent ainsi un emploi et revenu tout au long de l'année.
Le vin de Sauvry, sans être un grand cru, avait une bonne réputation à l'échelle locale, et Jean Mirault, s'il travaillait dans la vigne des autres, possédait aussi un petit lopin de vigne qui subvenait à ses besoins.
Le 4 juin 1877, Jean Mirault épouse à Billy-Chevannes, Marie Thévenot, fille majeure d'Édme Thévenot et Catherine Bellevault.
Sabotier à Criens, hameau de Billy-Chevannes, lors de son mariage, Édme Thévenot était devenu propriétaire aux Chevrins lors du mariage de sa fille en 1877.
Situé au carrefour des routes reliant Mousseaux à Billy-Chevannes et à Cizely, le hameau des Chevrins devait évoquer des souvenirs particulièrement heureux pour ma grand-mère, Francine Mirault-Renard, puisqu'elle demanda plusieurs fois d'y être conduite, le dimanche après-midi, durant mon enfance.

Jean Mirault et Marie Thévenot eurent deux enfants : Jean-Baptiste et Francine. Comme beaucoup de familles des Amognes, ils élevèrent aussi deux enfants de l'Assistance Publique de la Seine : Désiré Lemeureur et Élise Roger. Contrairement aux nourrices du Morvan qui laissaient leur nouveau-né au pays pour aller allaiter les enfants de la bourgeoisie parisienne, les nourrices des Amognes, après la naissance de leur enfant, allaient chercher un nouveau-né à Paris pour l'élever avec leur propre enfant. Ces frères et sours de lait devenaient le plus souvent des membres à part entière de la famille.
Ce fut certes le cas pour Désiré et Élise qui restèrent toute leur vie très proche de la famille qui les considéra toujours comme l'un/une des leurs.

Jean Mirault mourut le 2 février 1923 à l'âge de 78 ans. Marie Thévenot lui survécut quelques années et décéda le 7 septembre 1928. Elle avait 75 ans. Tous deux sont enterrés dans la tombe de famille au cimetière de St Benin d'Azy.

Leurs deux enfants leur donnèrent 6 petits-enfants, 10 arrière-petits-enfants, 22 arrière-arrière-petits-enfants et jusqu'à 2005, 27 arrière-arrière-arrière-petits-enfants.


Le JOURNAL de JEAN MIRAULT
Jean Mirault, Soldat au 69ème Régiment d'Infanterie de Ligne (circa 1868)
Jean Mirault nous a laissé deux carnets de notes, rédigés probablement durant sa captivité en Allemagne. Le premier carnet est un recueil de paroles de chansons dont nous ignorons malheureusement les mélodies.
Le deuxième carnet contient également quelques chansons mais également 20 pages de notes manuscrites relatant son expérience durant la campagne de l'Armée du Rhin de juillet à octobre 1870 et durant son incarcération comme prisonnier de guerre en Poméranie.
Ce carnet contient également un lexique de mots allemands et une liste des villes allemandes qu'il a traversées.
L'une des dernières pages du carnet contient l'annotation suivante : « Cahier appartenant à Mirault Jean soldat au 69ème de ligne, 3ème Bataillon, 1ère compagnie Coblinz le 12 juin 1871 ».
C'est sur la base de cette note que je pense que ces carnets furent écrits durant sa captivité et reflètent ses souvenirs, vieux alors de plusieurs mois, de son expérience durant la campagne.
Ce n'est donc pas un récit « à chaud », au jour-le-jour, décrivant des actions et impressions précises dans le feu de l'action.
Il ne décrit pratiquement aucune bataille mais nous laisse une image poignante des conditions de vie misérable que le soldat devait endurer tous les jours : pas de fait d'armes flamboyant mais l'endurance non moins héroïque de la faim, du froid, de la fatigue jour après jour.
Jean Mirault avait une belle main d'écriture que beaucoup d'entre nous, devrait lui envier, mais l'absence de ponctuation, l'emploi non orthodoxe des majuscules, et l'épellation phonétique de beaucoup de mots tendent à distraire le lecteur. En transcrivant ce texte, je me suis borné à combler ces lacunes et je me suis appliqué à conserver le style vivant du récit, le style du raconteur, parsemé ci et là d'expressions qui sentent bon le terroir des Amognes.

Le récit se divise naturellement en 3 parties :
- la campagne de l'Armée du Rhin, de juillet à octobre 1870,
- la capitulation de Metz les 28 et 29 octobre 1870,
- le transfert des prisonniers de guerre de Metz à Kolberg avec une brève description des conditions de vie en captivité.

Dans les commentaires qui suivent, je me suis efforcé de replacer le périple de notre ancêtre dans son contexte historique afin d'en faciliter la compréhension et la signification. Quand Jean Mirault nous dit que « ce jour-là, on a livré un grand combat », il ne sait pas, ou plutôt ne savait pas encore qu'il avait participé à la bataille de Gravelotte - Saint Privat qui précipita la chute du Second Empire, comme ses descendants devront l'apprendre sur les bancs de l'école.

Jean Renard (2005)

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