Amognes

Magazine

Associations

L'élevage des porcs sur litière
Nous apportons notre modeste contribution au dossier sur les porcheries, dans un respect de l'environnement, avec ces éléments fournis par un chercheur de l'INRA.

La pollution des eaux et de l'air induite par l'élevage porcin peut être significativement réduite en adoptant l'élevage sur litière. C'est la conclusion de travaux menés de 1996 à 1999 par des chercheurs de l'INRA1, avec le soutien du Comité Bretagne Eau Pure et en collaboration avec des industriels. Le passage de l'élevage sur caillebotis, habituellement pratiqué, à l'élevage sur litière ne réduit pas les performances économiques des élevages. Elle nécessite une adaptation des bâtiments pour tenir compte de l'humidité et de la chaleur dégagées par la litière. A ce jour, 10 à 15 % des éleveurs ont adopté l'élevage sur litière.

Le caillebotis est le système le plus utilisé pour l'élevage de porcs. Il s'agit d'un plancher à lattes non jointives, qui permet de recueillir les déjections des animaux, sous forme de lisier. Dans le cas de l'élevage sur litière (sciure ou paille), les déjections se mélangent à la litière pour former un fumier dont la décomposition commence dans le bâtiment. Ce fumier évoluera ensuite pour former un compost.

L'élevage sur litière présente plusieurs avantages environnementaux. Les expérimentations montrent l'importance du retour d'azote à l'atmosphère sous forme de gaz (N2) lors de l'élevage sur litière de sciure. En conséquence, il y a moins d'azote dans le fumier : ceci est favorable lorsque l'on cherche à limiter la pollution des eaux par les nitrates suite aux épandages. Par ailleurs, dans les conditions de cette étude, les émissions d'ammoniac (NH3), gaz impliqué dans les pluies acides, sont inférieures de moitié à celle d'un élevage sur caillebotis conventionnel. Enfin, les émissions directes de protoxyde d'azote (N20), gaz impliqué dans l'effet de serre, peuvent être réduites notablement par simple réduction de la fréquence des brassages de litière, tandis que la séquestration de carbone pourrait être accrue par l'augmentation de la production de litière et l'apport de compost aux sols.

Dans des conditions identiques d'alimentation et d'ambiance, la production animale sur litière ne montre aucune détérioration (croissance, indice de consommation, qualité des carcasses, comportement des animaux.) en comparaison avec celle d'un élevage sur caillebotis. L'élevage sur litière présente en outre un intérêt en termes de bien-être animal et de réduction des odeurs.

Les différents types de litières produisent de la chaleur et de la vapeur d'eau. Les chercheurs ont mesuré ce phénomène. Ils en ont conclu que l'isolation et la ventilation des bâtiments doit être adaptée selon la charge animale et le climat. Ils ont également constaté que le brassage fréquent en période froide, préconisé en Europe depuis plusieurs années pour maîtriser l'humidité des litières, est une erreur. En effet, ce brassage fréquent augmente l'humidité de l'air, ce qui est à éviter pour des raisons sanitaires.

Les résultats acquis par l'INRA commencent à être utilisés par les professionnels. L'élevage sur litière concerne une minorité des porcs produits en France. Ce mode d'élevage fait partie des spécifications de l'élevage de porc en Agriculture Biologique et du cahier des charges de certains labels de production de porcs.

(1) Unité mixte de recherche INRA-ENSAR (Ecole supérieure d'agronomie de Rennes) Sol-Agronomie-Spatialisation, Département Environnement et Agronomie, Centre de recherches de Rennes.

Pollutions d'origine agricole,
septembre 2001.

Contact scientifique :
Paul Robin,
Tél : 02 23 48 52 21

paul.robin@roazhon.inra.fr