Musée virtuel de la Résistance
et de la 2ème guerre mondiale

dans les Amognes & le Nivernais-Morvan

Le contexte général
La propagande Nazie
La propagande Alliée
Uniformes et équipement des troupes
Les armes
Particularités du Nivernais-Morvan
Les maquis du Nivernais-Morvan
La 2éme guerre dans les Amognes
Les préfets de la Nièvre pendant la 2éme guerre mondiale
Les chansons de 1939 à 1945
Le cinéma de 1939 à 1945
La journée du 4 septembre 1944 à St-Benin
Histoire du soldat Alojzy WENTA
Principales dates de la 2éme guerre mondiale
Timbres poste pendant la 2éme guerre mondiale
Météo pendant la seconde guerre mondiale
Exposition itinérante "Occupants, occupés"
Musées nivernais Résistance et 2éme guerre mondiale
Marcel Déat, ministre sous l'occupation
Commémoration de la Victoire Alliée
Bibliographie sur la Résistance

Le contexte général de la guerre et de l'occupation
(Histoire de l'organisation de résistance de l'armée)
Les forces armées françaises mobilisées comptaient 4.734.000 sous-officiers et hommes de troupe et 130.000 officiers dont 35.000 d'active en janvier 1940.

En juin 1940, au moment de la signature de l'armistice, un tiers environ de ses effectifs dont 12 000 officiers sont prisonniers. Les deux tiers restant devant être démobilisés rapidement à l'exception des effectifs autorisés pour constituer la petite armée d'armistice.

Après de difficiles discussions tenant compte d'événements tels que les attaques de Mers el-Kébir et de Dakar seront finalement autorisés par les forces armées :
• 236 000 hommes pour 1a métropo1e stationnés en «zone libre» sauf pour la gendarmerie dont les 46 000 hommes seront répartis entre les deux zones ;
• 130 000 hommes pour l'Afrique du Nord ;
• 250 000 hommes pour l'Empire.

Ces effectifs seront réalisés en personnel d'active, le manque d'hommes du rang engagés étant comblé par le maintien des personnels appelés des derniers contingents. Les militaires d'active qui se trouveront en excédent seront placés en congé d'armistice avec une solde réduite.

On ne peut que constater qu'au lendemain de la défaite, l'Armée française est un grand corps désarticulé. Aussi, dans son ensemble, accepte-t-elle la demande d'armistice formulée par le maréchal PéTAIN qu'elle considère incapable de forfaire à son honneur et seul apte à préparer avec les forces de l'Empire la reconquête de la France. Elle accepte le changement de régime faisant porter aux « politiques » la responsabilité du désastre militaire.

Cette situation durera en métropole jusqu'en novembre 1942. Le 8 novembre, les Alliés débarquent en Afrique du Nord, le Il novembre la Wehrmacht envahit la zone sud, la flotte se saborde à Toulon et le 27 novembre la petite armée d'armistice de métropole est dissoute sur ordre d'HITLER. C'est à l'issue de cette dissolution que se constituera dans la clandestinité une organisation de résistance de l'armée.

Avant de la présenter, il est nécessaire de parler de cette petite armée d'armistice à laquelle elle va, en quelque sorte, succéder.

Restant foncièrement anti-allemande, elle voit dans le maintien d'une petite armée officiellement cantonnée à un rôle de police, des écoles militaires de Saint-Cyr et de Saint-Maixent. Elle croit à un double jeu du maréchal. Cette croyance perdurera longtemps pour beaucoup dans le pays, et notamment dans cette armée de l'armistice où officiers et hommes de troupes devaient prêter un serment de fidélité au maréchal Pétain.

Cependant ils le considéreront caduc lorsque les Allemands, violant l'armistice, envahiront la zone sud et qu'ils recevront l'ordre de n'opposer aucune résistance et de livrer les armes de la France, ce qui était contraire au commandement contenu dans le serment d'agir «pour le bien du service et le succès des armes de la France ».

Néanmoins le doute s'insinuera petit à petit dans les esprits en raison des événements politiques et militaires : entrevue de Montoire du maréchal PéTAIN et du chancelier HITLER, d'habitants de ces provinces, premières exécutions d'otages, bataille aérienne d'Angleterre perdue par les Allemands, rendant un débarquement sur les côtes anglaises aléatoire, ralliement du Tchad puis du Gabon à la «France Libre », premiers succès des armes françaises avec le raid sur Mourzouk du colonel Colonna d'ORNANO.

11-01-1941 La prise de l'oasis de Koufra par le colonel LECLERC.

01-02-1941. Qui demande à ses officiers. De ne déposer les armes que lorsque «toutes nos couleurs flotteront à nouveau sur la cathédrale de Strasbourg» la prise de Massoua en Erythrée par les troupes du général LEGENTILHOMME.

08-04-1941 Malheureusement la guerre franco-française de Syrie (juin-juillet 1941) avec le retour en métropole. Des combattants restés fidèles au maréchal jette le trouble que l'annonce, un an plus tard, de la défense héroïque de Bir Hakeim, qui permet un repli britannique en bon ordre (27-05-42/11-06-42), ne dissipera pas.

Le maréchal PETAIN est-il libre de ses actes, n'est-il pas affaibli mentalement en raison de son grand âge ?

Telles sont les questions que se posent les militaires début 1942, surtout après l'attaque allemande contre l'URSS le 22 juin 1941, et celle du Japon contre les Etats-Unis le 7 décembre 1941.
Quatre positions s'affermissent :
1) - Le ralliement au général de GAULLE comme l'ont fait les généraux LEGENTILHOMME et CATROUX, l'amiral MUSELIER, le capitaine KOENIG, futur héros de Bir Hakeim, le capitaine. De HAUTECLOCQUE, futur général LECLERC, le capitaine DEWAWRIN, futur colonel PASSY, le colonel de LARMINAT.

De son côté, le capitaine FRESNAY se fait démobiliser pour former le premier mouvement de Résistance et recrute d'abord parmi d'autres officiers en congé d'armistice tel le lieutenant CHEVANCE-BERTIN, avant de l'étendre aux civils.

On peut considérer que ce sont les jeunes officiers qui les premiers se sentirent floués et rejoignirent les rangs de la Résistance, rares furent les officiers généraux qui encouragèrent ce mouvement.

2) - Le ralliement à la collaboration avec les généraux BRIDOUX et DELMOTTE, l'amiral DARLAN et ses amiraux qui crurent à la victoire de l'Allemagne.

Un certain nombre d'officiers, peu nombreux, par anticommunisme s'engagent dans la LVF et servent sous l'uniforme nazi, tandis que d'autres rejoignent la Milice pour combattre les maquis ou faire ouvre de basse police contre les juifs et les résistants.

3) - Une troisième catégorie préfère l'attentisme. Bien que profondément anti-allemands ces militaires considèrent l'armistice comme une situation qu'il ne faut à aucun prix compromettre, qu'il faut attendre des événements extérieurs tel un débarquement massif des Alliés sur le sol français pour reprendre les armes. Ils formèrent la cohorte des résistants de la dernière heure.

4) - Enfin une majorité ne resta pas passive et prépara la revanche. Profitant d'une clause de l'armistice qui maintenait le « 2 e Bureau » dont le travail officiel devait être la lutte contre la dissidence gaulliste et l'infiltration des agents anglais, les services de renseignements et de contre-espionnage reprennent leurs activités sous les ordres du colonel RIVET qui, le 25 juin 1940, réunissant ses collaborateurs leur dit : « La mission continue sur l'Allemagne et l'Italie. »

De nouveaux postes sont créés sous des camouflages divers surtout chargés de surveiller les mouvements des troupes allemandes en zone occupée. Très rapidement une liaison est établie avec les. Services de renseignements anglais et américains. Pour obtenir les crédits nécessaires, le colonel RIVET crée le Bureau des menées anti-nationales qui a l'aval des Allemands.

Ce service permet l'arrestation « d'espions à la solde de l'Allemagne qui seront jugés et fusillés mais aussi malheureusement des gaullistes et des communistes. Il fonctionnera jusqu'à sa dissolution par LAVAL en mai 1942, sur demande des Allemands, mais les postes mis en place continueront leur travail de renseignement.

De son côté l'état-major, avant que la Commission d'armistice ne se mette en place, s'efforce d'expédier en Afrique du Nord le plus possible d'armes et de matériel. Opération facilitée ensuite, si l'on peut dire, par la demande du gouvernement de Vichy aux autorités allemandes de renforcer le potentiel de l'Année d'Afrique en vue de reconquérir les territoires africains passés à la dissidence.

Le général WEYGAND nommé délégué général pour l'Afrique du Nord et gouverneur de l'Algérie le 7 septembre 1940, profite de ce matériel pour réorganiser et renforcer l'armée.

Il rejette l'appel du général de GAULLE du 24 février 1941 lui enjoignant de ramener l'Afrique du Nord dans la guerre, s'estimant « trop vieux pour faire un rebelle » il inculque à cette armée l'obéissance totale au maréchal, ce qui eut des conséquences dramatiques lors du débarquement allié en AFN.

Les Allemands demandent néanmoins son rappel le 10 novembre 1941 car il s'oppose à la mise à disposition de bases aériennes en Tunisie à la Luftwaffe.

En métropole, le général COLSON envoie une lettre personnelle manuscrite aux commandants de régions militaires, les invitant à camoufler du matériel et approvisionnements militaires. Cependant ces recommandations sont suivies avec beaucoup de réticences sinon ignorées, les officiers hésitant à sortir de la légalité.

Aussi le commandant MOLLARD reçoit-il la mission de créer un service clandestin de camouflage de matériel (CDM). Un camouflage important mais de courte durée sera réalisé par l'Armée des Alpes dans les grottes de Baux (Drôme). Dénoncé par un maçon italien qui a participé à l'opération, il donnera lieu à une violente protestation de la Commission d'armistice italienne, ce qui freina l'ardeur de certains.

On peut estimer à quelque 65 000 armes individuelles, 10.000 armes collectives avec les munitions correspondantes qui auraient été ainsi camouflées ainsi que près de 15 000 véhicules, des pièces détachées et du carburant.

Au moment où ces armes auraient dû être livrées à la Résistance, c'est-à-dire en novembre 1942, peu le furent en réalité.

Par ailleurs, afin d'étendre l'action de l'Armée en zone occupée et dans le cas d'un repli, de l'année allemande, le colonel du VIOlER, chef du 3 e Bureau, songe, à mettre sur pied des unités de réservistes mobilisés sur place, ensuite encadrés et armés par l'Etat-major.

Ces unités, qui prennent le nom de «groupes d'autodéfense» (GAD), ont pour mission la recherche de renseignements sur les possibles itinéraires de repli, les gîtes d'étapes et les points de ravitaillement des Allemands. Ils travaillent donc en liaison avec le SR. On peut les considérer comme le pendant du Bureau des menées antinationales dont le but officiel était la lutte contre la subversion gaulliste et communiste.

Mais faute d'appuis et moyens suffisants les GAD n'auront qu'une existence éphémère à la suite d'arrestations et de la mutation du colonel du VIGIER en Afrique du Nord. Le général PICQUENDAR décidera par prudence de les mettre en sommeil.

Le capitaine LEJEUNE qui en avait pris la direction gardera néanmoins le contact avec ces groupes et les réactivera sur demande du général GIRAUD. Les GAD peuvent être considérés comme une ébauche de ce que sera plus tard l'ORA en zone nord.

Un groupe, d'officiers plus ou moins couverts par l'état-major travaille sur un plan de mobilisation. Les archives de recrutement ayant été détruites ou obsolètes, le Service national des statistiques, sous la direction du contrôleur général CARMILLE, est mis à contribution à cet effet.

D'autres étudient l'hypothèse d'un débarquement allié en France. La côte atlantique ou la Provence leur semble les plus propices. Des plans d'opérations en vue de dégager les ports de ces côtes sont dressés, mais à aucun moment n'est envisagé ñ débarquement en Normandie ou dans le Pas-de-Calais, estimé trop risqué en raison de la forte concentration des forces allemandes.

Toutes ces études ne semblent pas prendre en compte la Résistance qui est ignorée ou tenue pour quantité négligeable. Cependant la tactique de la guérilla est pour la première fois envisagée par le général VERNEAU qui deviendra chef de l'ORA après l'arrestation du général FRERE.

Il estime, en cas de l'invasion de la zone sud, que les troupes de l'Armée de l'armistice devront se retirer dans les zones montagneuses (Alpes, Massif Central, Pyrénées) difficiles d'accès et appliquer la guérilla par petits détachements.

L'évasion spectaculaire et l'arrivée du général GIRAUD, en avril 1942, ont donné à l'Armée un nouvel espoir. Il rencontre un certain nombre d'officiers engagés dans des activités clandestines, dont le commandant MOLLARD, chef du CDM, le lieutenant-colonel LAURENT, futur chef du 2éme Bureau, le lieutenant-colonel PFISTER, un des organisateurs de la mobilisation clandestine, prend contact avec plusieurs responsables de la Résistance y compris le général DELESTRAINT qu'il voit deux fois, mais refuse toute entente avec le général de GAULLE.

Novembre 1942
Le général GIRAUD, pressenti par les Américains pour prendre le commandement des forces françaises en cas de débarquement allié, n'est cependant pas informé ni sur sa date ni de son lieu...

Ce n'est que le 2 novembre qu'il apprend que celui-ci aura lieu en Afrique du Nord. Le réseau Alliance organise son départ le 5 novembre pour Gibraltar.

Avant de partir, il confie au général FRèRE le commandement de toutes les forces civiles et militaires de la France métropolitaine. Les forces civiles, c'est-à-dire les mouvements de Résistance, ignoreront cette décision qui est de toute façon contredite par la proclamation du général DELESTRAINT annonçant qu'il prend le commandement de l'Armée secrète.

Par contre, pour les militaires, l'arrivée du général GIRAUD en Afrique du Nord constituerai l'acte fondateur de l'Organisation de résistance de l'Armée, d'abord appelée Organisation métropolitaine de l'Armée.

Dès le débarquement allié en Afrique du Nord, le 8 novembre, l'Armée de l'armistice est mise en état d'alerte, prête à intervenir en cas d'invasion de la zone sud, ce qui constituerait une violation de l'armistice par les Allemands.

Le refus du maréchal Pétain de rejoindre l'Afrique. du Nord, les ordres du ministre et secrétaire d'état de la Guerre, le général BRIDOUX et le général DELMOTTE, de ne pas s'opposer aux forces allemandes brisent tout élan de résistance. L'Armée n'était pas prête à désobéir à un gouvernement qu'elle considère encore comme légitime.

Seul le général de LATTRE décide de passer outre, mais sa tentative échoue. Arrêté, condamné à dix ans de réclusion, il s'évadera pour rejoindre Alger en septembre 1943.

Le capitaine LEJEUNE rejoindra le général GIRAUD à Alger le 10 novembre 1942 par un avion d'Air France avec un groupe d'officiers des services spéciaux, ce qui indique la confusion qui régnait à Vichy au moment de l'envahissement de la zone sud et de l'autonomie dont jouissait le SR.

Les services de renseignement et de contre-espionnage passent dans la clandestinité mettant leurs archives en sûreté. Le colonel RIVET, le colonel RONIN et le commandant PAILLOLE rejoignent Alger.

Le 27 novembre l'Armée de l'armistice est dissoute, les armes sont remises aux Allemands. Comme il a été indiqué plus haut, peu d'armes camouflées parvinrent à la Résistance.

Donner des armes aux civils semblait sans doute contre nature aux officiers.

Les Allemands découvrirent peu à peu l'ampleur du camouflage et exigèrent du gouvernement de Vichy, sous peine de représailles, la recherche et la livraison des dépôts d'armes. Un tiers environ parvint cependant à la Résistance, un tiers fut remis aux Allemands, surtout à la suite de dénonciations et des décrets de LAVAL menaçant de mort tout détenteur d'armes ainsi que les propriétaires des installations où les armes avaient été déposées, un tiers fut détruit.

Il est cependant à noter que certaines armes lourdes (canons, chars) qui avaient été camouflées ne pouvaient pas être utilisées dans les combats de guérilla.

Après novembre 1942
Au lendemain de ce deuxième désastre que furent pour l'Armée cette « non-intervention » et la remise des armes, une équipe d'officiers généraux animée par les généraux VERNEAU et OLLERIS décide de créer une organisation militaire clandestine.
Déjà désigné par le général GIRAUD comme son représentant en France, le général FRERE apprend et approuve cette démarche, mais reste en retrait. Il déclare à VERNEAU et OLLERIS décide de créer une organisation militaire clandestine.

Déjà désigné par le général GIRAUD comme son représentant en France, le Général FRERE apprend et approuve cette démarche, mais reste en retrait. Il déclare à VERNEAU et REVERS qui viennent le voir en janvier 1943 pour lui annoncer la mise en place de l'organisation : « Vous êtes en dissidence, je vous approuve, je ne peux en faire autant, je vous laisse continuer la lutte, vous pouvez faire état de ma bénédiction auprès des officiers hésitants.»

Il parut normal d'articuler l'organisation clandestine sur les anciennes divisions militaires (DM) - il en existait huit - et de commencer le recrutement auprès des officiers et sous-officiers souvent restés là où leur régiment avait été dissous.

Ils avaient trouvé aussi là un emploi civil ou dans un organisme public comme les Eaux et Forêts. Cependant, après les premiers contacts avec la Résistance, la division de la zone sud en six régions créées par le mouvement Combat fut adoptée. Elle correspondait d'ailleurs peu ou prou aux DM.

Il s'agit donc de trouver des hommes qui accepteraient de prendre la tête de l'ORA pour chacune de ces régions quel que soit leur grade et qui, à leur tour, recruteraient des chefs départementaux prêts à servir le cas échéant sous les ordres d'un officier d'un grade inférieur, et à tout moment plonger dans la clandestinité.

C'est un bouleversement dans la hiérarchie militaire. Aucun général ne fut chef de région car trop facilement repérable.

Le colonel PFISTER pour le sud-ouest et le colonel ZELLER pour le sud-est sont chargé de cette tâche.

Les six régions sont bientôt pourvues d'un chef dont voici la liste :
- R1 Le commandant DESCOURS à Lyon,
- R2 Le capitaine LECUYER à Marseille,
- R3 Le colonel GUILLOT remplacé après son arrestation par le lieutenant-colonel SCHUMACHER à Montpellier,
- R4 Le capitaine POMMIES à Toulouse.
- R5 Le colonel de GRANCEY remplacé après son arrestation par le commandant PAQUETTE à Limoges.
- R6 Le lieutenant-colonel BOUTET jusqu'au 1er octobre 1943, puis le lieutenant-colonel FREISS et, en août 1944, le lieutenant-colon FAYARD à Clermont-Ferrand.

En ancienne zone occupée l'implantation de l'ORA est plus difficile. C'est pourquoi le général VERNEAU s'installe à Paris en février 1943 avec, comme chef d'état-major, le commandant COGNY ; le commandant AILLERET étant chargé de recruter dans le nord et le commandant COUËTDIC dans l'est. Une recherche s'organise autour des GAD qui avaient été mis en sommeil peu après leur création.

Ce sont souvent ces cadres de réserve, déjà en liaison avec des mouvements de Résistance et avec leur aval, qui reçoivent le commandement de régions, ce qui est impensable en zone sud.

Ainsi le commandant d'ORNANT sera le chef ORA pour les trois départements, Haut-Rhin, Bas-Rhin et Moselle, le commandant de CHEZELLES est le chef régional FFI pour P1 et P2, le commandant NEROT pour CI et C2.

Les implantations les plus importantes dans cette zone sont la Bretagne, commandée par le colonel MASNOU, la brigade du colonel CHOMEL dans l'Indre, l'Indre-et-Loire et la Vienne, le groupement Centre du colonel BERTRAND en P2 et P3 contrôlant également le Cher en zone sud où était stationné son ancien régiment le 1 er RI, le groupement Bourgogne très riche en maquis, animé par le colonel PRAT, enfin à l'est la Franche-Comté dont le chef FFI est le colonel MAURIN de l'ORA.

Avant de prendre la décision de rejoindre la Résistance de l'Armée, un grand nombre d'officiers demande de passer en AFN à tel point que le général VERNEAU reçoit bientôt l'ordre de ne faIre partir que des spécialistes (aviateurs, tankistes) les autre devenant indispensables pour encadrer les groupes de résistants notamment lors de la montée en puissance des maquis.

Si l'on s'en tient aux chiffres fournis par le colonel de DAINVILLE dans son livre l'ORA , on peut estimer à 11 000 le nombre d'officiers d'active présents en métropole : 15 % passent en AFN, 40 % joignent la Résistance, 40 % sont à classer attentistes. A ces chiffres il faut ajouter les officiers et sous-officiers qui, dégagés des cadres en 1940, ont rejoint divers mouvements de Résistance.

Pour obtenir les fonds nécessaires à son développement et les armes pour son action future, l'DRA a besoin de l'appui des Alliés. Aussi le général GIRAUD, en tant que général en chef de l'Armée française, délègue le capitaine LEJEUNE à Londres auprès du major BUCKMASTER, chef du SOE (Spécial Opérative Exécutive), organisme autonome dépendant du ministère de la Guerre économique qui traite avec les mouvements clandestins des pays occupés.

Le major BUCKMASTER accepte de créer pour l'ORA un service «Action» parallèlement avec celui qui fonctionne déjà avec le BCRA du général de GAULLE.

Après plusieurs stages de formation d'agent de renseignements et de sabotages, LEJEUNE est envoyé en France pour organiser les parachutages d'armes - le premier parviendra au 1er RI du colonel BERTRAND le 18 avril 1943. Cette mission accomplie il est rappelé à Londres en juin 1943 où il ouvrera au sein du SOE jusqu'en novembre pour intégrer le BCRA après le départ du général GIRAUD du CFLN.

La mise en place de l'ORA ne se fait pas sans mal. Début 1943 arrive le temps des arrestations massives qui frappent plus de 80 officiers du 2éme Bureau et du SR. En juin, à la suite du départ du général GEORGES pour Londres, les services de l'Abwehr arrêtent le général OLLERIS puis les généraux GILLIOT, FRERE et GRANSARD. La police allemande n'avait pas de charges précises contre FRERE, mais les documents rédigés en clair par le général GIRAUD saisis sur le colonel BONOTAUX arrêté par la Gestapo à son atterrissage clandestin de Londres, désignent le général FRERE comme chef de la Résistance et de l'armée clandestine en France. Il sera déporté au camp de Struthof où il mourra en juin 1944.

Le colonel BONOTAUX déporté avec lui décédera en janvier 1945 au camp de Dachau.

En octobre 1943, à la suite du remplacement d'un agent anglais par un agent de SD (Sicherheitsdienst, service de sécurité allemand dont fait partie la Gestapo), le général VËRNEAU est arrêté avec deux autres officiers, COGNY et COUËTDIC ainsi que le chef de l'OCM en zone nord Farjon.

Le général VERNEAU qui avait été nommé par le général FRèRE comme son successeur mourra aussi en déportation. Il avait désigné le général REVERS pour lui succéder.

Parallèlement à la mise en place de son organisation, l'ORA recherche le contact avec les éléments militarisés de la Résistance. Se considérant comme « l'avant-garde de l'Armée d'Afrique » dont le seul but est de bouter l'Allemand hors de France avec l'aide des Alliés, elle se dit apolitique.

Elle estime que toute action militaire prématurée peut être fatale à l'ensemble de la Résistance en dressant contre elle une partie de la population à la suite des représailles allemandes qu'elle engendrerait. Par ailleurs, elle pense que la lutte contre le régime de Vichy ne doit pas constituer une priorité, la défaite de l'Allemagne entraînant automatiquement sa disparition.

Enfin, le général GIRAUD ayant été désigné commandant en chef de l'Armée d'Afrique, l'ORA trouve normal de se placer directement sous ses ordres et non sous ceux de la Résistance.

Ce sont là trois points fondamentaux que les chefs successifs de l'ORA auront à résoudre :
a) action immédiate par le parti communiste,
b) lutte contre le régime de Vichy par une propagande intensive
c) reconnaissance de la direction des opérations militaires par le général KOENIG et la Résistance et par voie de conséquence le ralliement au général de GAULLE.

Le général FRERE appliquera donc cette politique avec rigueur en rejetant une proposition du général DELESTRAINT d'une fusion AS/ORA sans même vouloir en discuter ; il fera de même lorsque le parti communiste voudra obtenir la participation de l'ORA à l'action immédiate.

C'est en effet avec le PC que paradoxalement l'ORA entame les premières négociations en février 1943 menées par le capitaine PEYNAUD qui, après l'arrestation du général FRèRE (juin 1943), se fait le défenseur de l'action immédiate que l'ensemble des organisations de Résistance applique. Il refuse cependant l'attentat contre des soldats isolés.

Il convainc le général VERNEAU, successeur de FRèRE, et les négociations peuvent reprendre. Elles dureront jusqu'au 29 décembre 1943 pour ne pas aboutir, les FTP ayant conclu un accord avec l'AS invoquant une soi-disant fusion ORA/AS.

(D'après les écrits de Boris de Gueyer - secrètaire général de l'organisation de résistance de l'armée)



Le cas particulier de la Nièvre

Grâce à un isolement relatif, le Nivernais-Morvan a été une zone privilégiée pour l'installation des maquis.
Notre région qui n'est pas traversée par les grands axes de communication, en a fait une zone refuge pour tous ceux qui cherchaient à fuir la répression et qui voulaient continuer la lutte.
Ses paysages, aux vallées encaissées recouvertes de forêts, forment des cachettes idéales, près des hameaux ou des fermes isolées habitués à vivre en autarcie, où l'on peut facilement obtenir des renseignements et de la nourriture. La situation administrative du Morvan, aux confins de quatre départements a longtemps gêné la répression et favorisé le développement des maquis nivernais.

C'est ainsi que la présence des occupants est plus ressentie par ses réquisitions que par une réelle occupation militaire. Les soldats sont peu nombreux dans le Morvan lui-même : il n'existe des postes militaires permanents (Kommandanturs) qu'à sa périphérie, sauf à Château-Chinon. Les Allemands n'ont pas assez de soldats pour établir une occupation étroite du territoire et ils se méfient du pays, ce qui facilita encore le développement des maquis.
Ce sont d'ailleurs les réquisitions, de plus en plus pesantes, qui ont d'abord provoqué une résistance passive. Les moyens techniques qui permettaient aux Allemands de vider la région de ses produits agricoles et forestiers furent les premières cibles des maquisards (destruction de presses à fourrage). Puis, l'instauration du STO a poussé de nombreux jeunes réfractaires vers les maquis. Cette occupation a fortement marqué le pays : arrestations, déportations, exécutions ou incendies de fermes et de villages. Le Nivernais-Morvan est donc en même temps une terre de villages-martyrs.


PETAIN est au POUVOIR


et ses partisans portent cette francisque en épingle !




Affiche de 1940


La droite nationaliste et cléricale d'avant-guerre se retrouva souvent son premier soutien et le régime de Vichy en profita largement sous l'Occupation pour dénoncer à la fois «l'esprit de jouissance» et la gauche anticléricale du Front populaire, accusée d'être responsable de la défaite de 1940.
Le culte de Jeanne d'Arc a été repris à son compte par la gauche laïque et anticléricale, majoritaire à l'issue des élections d'après-guerre.
Alors qu'aujourd'hui elle fédère curieusement l'extrème droite !

La PRESSE de l'EPOQUE














Edition du "Matin" du 14 mai 1940


Carte établie en 1941

Les papiers sont demandés très souvent, et il ne fait pas bon les avoir oubliés, ou ne pas en posséder !
La Résistance, est alimentée en cartes vierges par des relais dans les administrations qui les détournent pour la bonne cause.
Ils permettent d'assurer une nouvelle identité à ceux qui ne peuvent plus circuler sous la leur...



Le moyen le plus utilisé par la population pour se déplacer, reste le vélo.
Celui-ci doit être identifié par une plaque en laiton gravée au nom de son propriétaire et fixée le plus souvent sur la colonne du guidon.



Les mieux nantis possèdent une voiture automobile, mais quand l'essence vient à manquer, le seul moyen pour pouvoir l'utiliser est de l'adapter au gazogène !
Localement, l'ingénieur Archer, qui fut aussi élu de Cizely, inventa et mit en service un système complet de traitement rationnel des 30 % de bois plus ou moins laissé pour compte lors de l'exploitation traditionnelle de la forêt. Un astucieux procédé de récolte et de transport permettait de supprimer les multiples empilages-désempilages successifs habituels pour approvisionner une machine à tronçonner le bois en petits morceaux (surnommée la Guillotine). Les morceaux de 25 cm tombaient dans un caisson qui une fois plein, s'élevait et se déversait directement dans un four à charbon de bois de son invention. La mise en sac réalisée sur place permettait d'approvisionner les véhicules au "Gazobois" qu'il fabriquait.
Le procédé particulier utilisé pour la cuisson du bois à basse température produisait un charbon riche en gaz qui, selon l'inventeur, pourrait permettre de faire fonctionner une automobile sur la base de 6 kg aux 100 km contre 12 litres d'essence et avec une autonomie de 2000 km. Cette invention était destinée à remplacer le fameux Gazogène qui avait rendu bien des services pendant la pénurie d'essence.


Briquet extrait de fouilles


L'APOLOGIE de la COLLABORATION


La CHASSE aux JUIFS est ENGAGEE

La thématique antisémite habituelle dit que le peuple hôte est parasité par le juif et la propagande Nazie ne démérite pas pour le faire savoir. "Il s'enrichit au détriment des simples gens, ouvriers ou paysans qui travaillent durement pour gagner la vie de leur famille."
Mais cette charge évidente dissimule un autre discours : "la femme juive est seule, son attitude est impudique. Elle a l'air d'une prostituée. Elle porte un casque, attribut de la virilité, et donc contradictoire avec l'idée de féminité."

Les ESPIONS sont FUSILLES HATIVEMENT



Le SERVICE de TRAVAIL en ALLEMAGNE est INSTAURé

Le Nivernais-Morvan a connu une Résistance précoce : il accueille dès 1941 des hommes pourchassés pour leurs actes de Résistance. Le 21 novembre 1942, un petit groupe de résistants reçoit le premier parachutage allié.
Si l'hostilité à l'occupant, la lutte antifasciste, l'opposition au régime collaborateur de Vichy et à la répression antijuive avaient nourri les premiers groupes, si le STO avait grossi les maquis, c'est l'approche de la Libération et la volonté de recrutement de ses chefs qui expliquent l'essor des groupes de partisans. Très tôt ces maquis sont encadrés et ne restent pas isolés grâce au rôle-clef joué par quelques hommes comme le colonel Roche, « Moreau » ou Jean Longhi, « Grandjean ».
Les maquis s'organisent, leur nombre augmente et les maquisards affluent grâce aux parachutages d'armes. S'y retrouvent des femmes et des hommes de toutes origines géographiques, sociales et politiques.


La MONNAIE COURANTE
Petite monnaie de 1940 à 1944
(celle du milieu a pour devise "Travail, Famille, Patrie")


Billets : série de 1944




Le RAVITAILLEMENT et les TICKETS de RATIONNEMENT


EVOLUTION de la CONSOMMATION ALIMENTAIRE par HABITANT

Année Viande (kg) Pommes de terre (kg) Lait (litres)
1938 40,9 415 241
1940 24,9 253 188
1942 18,6 180 160
1944 16 196 139

Le MARCHE NOIR d'AVRIL à JUIN 1944
Prix officiel (F) Prix au marché noir (F)
Boeuf à rôtir (kg) 72 150 à 250
Lait entier (litre) 4,60 12 à 30
Oeufs (douzaine) 36 100 à 120
Beurre (kg) 77 à 79 450 à 600
Pommes de terre (kg) 3 à 5,70 22 à 30
Huile de colza (litre) 50 1000


Les SALAIRES sous l'OCCUPATION
Salaire urbain minimum : 1.100 Francs
Ouvriers sur un chantier allemand : 3.000 Francs
Mineur de fond : 1.600 Francs.
Aliment Prix officiel marché noir
Boeuf à rôtir (1 kg) 72 Francs 150 à 250 Francs
Lait entier (1 litre) 4,60 Francs 12 à 30 Francs
Oeufs (une douzaine) 36 Francs 100 à 120 Francs
Beurre (1 kg) 77 à 79 Francs 450 à 600 Francs
Pommes de terre (1 kg) 3 à 5,70 Francs 22 à 30 Francs
Huile de colza (1 litre) 50 Francs 1000 Francs


Les ALMANACH de la POSTE sous l'OCCUPATION






EVOLUTION du PRIX des TIMBRES sous l'OCCUPATION (en Francs)
Service intérieur et franco-colonial
Lettres ou paquet clos

Année
(20 g)
(50 g)
(100 g)
(200 g)
(500 g)
(1 kg)

1942

1 1,3 1,8
2,4
4
5,5

1943

1,5 2 3
4
7
9

1944

1,5 2 3
4
7
9


Les ACTRICES à la MODE de L'EPOQUE

Arletty




Mireille Balin


Les PRISONNIERS

Billets circulant dans les camps de prisonniers




Lettre de prisonnier
(cliquez sur l'image pour l'agrandir)


Livret de prières pour les prisonniers


Le TELEPHONE dans la NIEVRE sous l'OCCUPATION

Annuaire 1943


Plaque de téléphone

PRIX du TELEPHONE sous L'OCCUPATION(en Francs)
Abonnements principaux à conversation taxée
pour les réseaux ayant au plus 2000 lignes principales

Année Abonnement Entretien Fourniture
ligne
Télégramme
minimum 10 mots
Avis d'appel
***
Communication (3 mn)

1942

250 80* 200**
1
2
4

1943

300 80* 200**
0,60 par mot
2
1,5 ou 1,2

1944

300 80* 200**
0,60 par mot
2
1,5 ou 1,2
* gratuit dans un rayon de 2 km du central
** Par hectomètres de ligne posée ou utilisée (au dessus de 5 km)
*** L'avis d'appel permettait aux personnes n'ayant pas le téléphone d'être prévenues, puis de se rendre à leur bureau postal pour recevoir leur communication. L'appelant était alors averti que son correspondant était présent.



Le PLUS VIEUX METIER du MONDE CONTINUE à s'EXERCER

Carte de visite d'une courtisane