Traditions du 1er mai
&
Histoire du muguet
Convallaria majalis
ou Lys des vallées
Origines
Depuis l'Antiquité, le 1er mai est un repère saisonnier important, puisque chez les premiers navigateurs, c'était le signe qu'ils pouvaient reprendre la mer pour courir le vaste monde, sans avoir à affronter de mauvaises conditions climatiques...
Chez les Celtes, c'était le début de l'année celtique.
Au Moyen-Age - comme souvent aujourd'hui encore - c'était le mois des épousailles ou accordailles...
Sous la Renaissance, il fut associé au muguet - fleur de saison par excellence, et donc dotée de vertus bénéfiques.
Le joli mois de mai dans les Amognes
Dans la seconde moitié du XIXéme siècle en Amognes, la "miance" réunissait le premier dimanche de mai : pâtres, bergers et porchers en un repas champêtre. Cette communauté pastorale élisait sa reine et parfois même un roi dont le sceptre était constitué d'une tige verte de coudrier ou d'églantine. La coutume voulait qu'on s'y habille de feuillage. Le souverain de mai et sa suite défilait alors joyeusement dans les villages et les fermes en chantant "le retour du joli mois de mai".
Un des garçons portait un grand panier pour y recevoir : oeufs, lard, gâteau au miel et chez les plus modestes : une poignée de fruits, de noix, de pruneaux ou de guenelles (poires séchées). Le cortège se retrouvait enfin sur une chaume ou au bord d'une fontaine pour le "berlot" (repas de la miance).
Les cérémonies de mai ne s'arrêtaient pas là, puisque le 1er mai, souvent la nuit, l'amoureux plantait un baliveau devant le seuil de son aimée, pour l'honorer ou devant celui d'un vieux garçon, pour s'en moquer ! La vieille fille ou la catin se retrouvait avec un mannequin de paille pendu à l'arbre le plus proche de sa maison ; cette effigie était brûlée le même jour.
A Trois Vèvres et Limon entre autres, les jeunes gens plaçaient un " mai fleuri ", paré de rubans avec une bouteille sur la cheminée de la maison de la jeune fille qu'ils courtisaient. Le dimanche suivant, les parents de celle-ci devaient "régaler" les jeunes hommes qui avaient fait ces offrandes, pendant cette semaine, les jeunes filles devaient porter les rubans offerts.
Le "mai" comme le langage des fleurs avait, selon sa constitution, une signification précise :
- aubépine rose : gage d'amour,
- coudrier : porte bonheur,
- chardons ou soleil desséché : pour les coquettes,
- sureau : pour les inconstantes,
- verne : en signe de rupture définitive !
Pour éviter les "sorcelages", on avait aussi coutume dans les fermes de planter des baliveaux couronnés de fleurs ou de rubans sur les tas de fumier pour empêcher les sorciers d'en prendre la "graisse" (éléments fertilisants).
Dans la région de Saint-Benin, on traînait des chiffons dans les prés et l'on cueillait aux quatre coins des herbages, le matin du premier mai, un poignée d'herbe répandue ensuite sur la litière des vaches pour en écarter les sorciers. La "rosée et le beurre de mai" avaient les mêmes vertus protectrices.
Dictons
S'il tonne le premier mai,
Les foins seront coupés.
Si la Loire est en crue le premier mai,
Elle y est tous les mois de l'année.
Pluie au premier mai,
Fait tomber cerises et griottes.
A faut faire les chitrouill's le trois mai,
All' venont aussi grouss' qu'un mué!
S'il pleut le jour de la Saint Jean Claude (6 mai),
Il pleuvra jusqu'à l'autre Saint Jean. (24 juin)
Pui d'avri é rousé d'mai
Valon pu que l'chéio du roué !
(Pluie d'avril et rosée de mai valent plus que le chariot du roi !)
Quan la puî tomb' su la chapel'
A tomb' su la javel
(Chapel = Fête-Dieu)
L'histoire du muguet
Le nom français dérive de muge ou musc (du latin muscus), à cause probablement du parfum particulier de ses petites clochettes blanches.
Le muguet est en fait un rhizome rameux qui se propage par ses racines en s'étalant horizontalement dans tous les sous-bois de France, excepté en Méditerranée ; il s'en élèvent d'abord deux feuilles ovales et une petite tige de 10 cm, portant une grappe de jolies petites fleurs blanches, en clochettes, très odorantes. Des baies rouges, arrondies, contenant 2 à 6 graines, remplacent les fleurs de juillet à octobre.
C'est une plante envahissante qui se propage rapidement et que l'on peut très facilement utiliser en couvre-sol dans les endroits ombragés ou mi-ombragés : une des rares plantes à avoir la caractéristique d'éloigner les lapins et autres rongeurs. Elle sait garder ses feuilles jusqu'en automne et peut demeurer vivace pendant des années.
Pour que votre muguet soit vigoureux et bien fourni, le sol doit être frais, riche en humus et contenir beaucoup de matière organique à renouveler chaque année sous forme de compost. En maintenant le sol toujours humide, le muguet colonisera rapidement l'espace que vous lui aurez réservé.
Toxicité
Le muguet est tonicardiaque et diurétique. Précisément, il ralentit le rythme cardiaque, renforce l'énergie de contraction systolique et augmente l'excitabilité de la cellule musculaire cardiaque, provoquant également un augmentation de pression artérielle. Enfin il a une action diurétique par irritation de l'épithélium rénal (Ressources médicinales de la flore française - Vigot Frères).
L'intoxication est possible lorsque les quantités absorbées sont importantes ou ingérées par des enfants. Toutes les parties de la plante sont toxiques. Et même l'eau dans laquelle a trempé le muguet devient toxique.
La toxicité du muguet est le fait de trois substances : la convallarine, la convallamarine et la convallatoxine.
La convallatoxine a une activité proche de celle de la digitaline ! Les toxiques du muguet s'attaquent au coeur.
Symptômes : Troubles digestifs (irritation de la bouche, douleurs abdominales, nausées, vomissements, diarrhées), puis troubles cardiaques (ralentissement du coeur et troubles du rythme).
La respiration s'accélère. La mort peut survenir par arrêt cardiaque. Parfois sont observés somnolence, vertiges, convulsions, tremblements et augmentation du volume des urines.
Réaction : Evacuation digestive (vomissements provoqués - lavage gastrique - charbon activé) associée à une surveillance cardiaque. d'appeler le centre antipoison ou de consulter son médecin.
Précautions :
- apprendre aux enfants que même si la plante est jolie, c'est du poison !
- ne pas laisser traîner de l'eau souillée par un bouquet de fleurs à portée de mains, surtout si le vase est un verre d'eau.
- ne pas mâchouiller la plante.
Le 1er MAI : Fête du travail et du muguet
La fête du travail est un jour férié qui commémore un 1er Mai de 1886 où les syndicats américains appelèrent plus de 400.000 travailleurs à manifester pour l'obtention de la journée de huit heures. Depuis, le 1er mai est traditionnellement la journée dédiée aux revendications sociales et aux défilés. C'est aussi la journée idéale pour se réjouir des acquis sociaux et faire la grasse matinée, ou « voter avec les pieds! »
Le premier mai, avant tout aujourd'hui la fête du muguet ! Fleur de printemps par excellence puisque sa floraison intervient début mai, le muguet est traditionnellement une fleur qui porte bonheur. D'ailleurs, d'après le langage des fleurs, le muguet signifie "retour de bonheur"...
On dit que celui qui trouve un brin de muguet à 13 clochettes sera tout particulièrement favorisé par la chance !
De jolies traditions
Autrefois, pour le 1er mai, on organisait des "bals du muguet" où les jeunes filles étaient vêtues de blanc et où les jeunes gens fleurissaient leur boutonnière d'un brin de muguet. C'était le seul bal de l'année où les parents étaient bannis et où les jeunes se retrouvaient entre eux. Un vin liquoreux de Moselle, dans lequel plantes et fleurs avaient macéré, faisait les délices de cette époque de l'année ; Il portait le nom de "Maitrank" ou "boisson de mai". On assurait qu'il suffisait d'y tremper
les lèvres au 1er mai pour être heureux tout au long de l'année !
Au premier mai, aucune jeune fille, aussi modeste fut-elle, ne serait sortie sans un brin de muguet accroché à son corsage ! On offrait du muguet à tous ceux que l'on aimait, famille et amis.
Cependant, l'usage voulait plus particulièrement que le jeune homme offre du muguet à sa fiancée, et que tout l'entourage d'une jeune maman se manifeste au premier mai en fleurissant sa maison, afin d'offrir au bébé un présage de bonheur.
Par ailleurs, vers 1900, dans les maisons de la haute couture, la coutume voulait que l'on offre aux "petites mains" un brin de muguet.
«Le premier Mai c'est pas gai, je trime, a dit le muguet,
Muguet, sois pas chicaneur, car tu donnes du bonheur.»
Georges Brassens, «Discours des fleurs.»
Histoire d'un brin de muguet
"Poème écrit par un homme pour son épouse, pendant sa captivité, il y a plus de 60 ans.»
Depuis plus de quatre ans que je suis prisonnier.
Mes jours heureux, sont, quand je reçois du courrier.
Les lettres sont pourtant presque toujours les mêmes.
Je suis en bonne santé, te souhaitant de même.
Puis invariablement pour terminer, toujours.
Je conserve l'espoir de ton prochain retour.
Mais, dans un coin d'une lettre que j'ai reçue.
Un petit brin de muguet y était cousu.
Vraiment, c'est enfantin d'envoyer ce muguet.
Je pourrais en avoir, ici, tout un bouquet.
Qui ne serait pas fané comme celui-ci !
Dans les bois allemands, le muguet pousse aussi.
Et, comme pendant un moment, je restais là.
Soudain, le petit brin de muguet me parla.
- Excuse, me dit-il, si j'ai triste figure.
Pourtant, si tu savais, j'étais beau je t'assure.
Tu as l'air d'en douter, tu ne veux pas me croire ?
Je vais, pour te convaincre, conter mon histoire.
D'abord, j'ai vu le jour là-bas, très loin d'ici.
C'est sur le sol français qu'un matin j'ai fleuri.
A l'ombre des grands bois, au milieu d'autres fleurs.
J'ai vécu, sans savoir que c'était le bonheur.
Je buvais, le matin, la rosée bienfaisante.
Je puisais dans le sol, nourriture abondantes.
Je voyais, le ciel bleu, la lune ou les nuages.
Je voyais, le soleil à travers le feuillage.
C'est lui qui me chauffait de ses rayons ardents.
Ainsi, rapidement, j'ai pu devenir grand.
Comme il faisait bon, comme tout était beau.
Nous avions chaque jour, le concert des oiseaux.
Tu as dû, toi aussi, l'écouter, autrefois.
N'est-ce pas, qu'il faisait bon vivre dans ces bois ?
J'aurais dû ne jamais rien désirer de plus.
Pourtant je subissais l'attrait de l'inconnu.
Je pensais que peut-être, je serais cueilli.
Comme porte-bonheur, et j'en étais ravi.
Une dame, en passant, devina mon désir.
S'approchant doucement, elle vint me cueillir.
Me prenant dans sa main, avec d'autres muguets.
Nous formions à nous tous, un superbe bouquet.
Qu'auprès de son visage elle approchait souvent !
Humant notre parfum tout en nous contemplant.
Chez elle dans un vase à demi rempli d'eau.
Pour conserver longtemps ce muguet frais et beau.
Nous avons parfumé ce qui nous entourait.
Dans cet appartement coquet, je me plaisais.
Mais quand, le lendemain, parmi les plus jolis.
Qu'elle avait mis à part, c'est moi qui fût choisi.
J'étais heureux et fier d'être le préféré.
J'entrevoyais, pour moi, l'avenir tout doré.
Puis au coin de la lettre, où je suis maintenant.
La dame m'a placé, cousu, soigneusement.
Avec des gestes tendres, n'osant m'effleurer.
Tout comme si j'étais une chose sacrée.
Puis elle contempla ce travail achevé.
Vérifiant pour que rien ne soit détérioré.
Alors en se penchant, je m'en souviens toujours.
Elle me donna pour toi, un doux baiser d'amour.
En me murmurant, va, toi, qui porte-bonheur.
Va, donner ce baiser à l'élu de mon cour.
Qui, dans les barbelés dont il est entouré.
Est privé de caresses depuis des années.
Ainsi dans la lettre pliée, je suis parti.
Mais, tu peux savoir tout ce que je souffris.
Depuis ce moment pour arriver jusqu'à toi.
Le tampon des postiers m'écrasa maintes fois.
Je fus aussi jeté, bousculé, rejeté.
Écrasé sous de lourdes piles de paquets.
Je suis resté des jours, peut-être des semaines.
Entassé dans des pièces sombres et malsaines.
Mon parfum s'échappait par toutes mes blessures.
Vingt fois, j'ai cru mourir, mais j'avais la vie dure.
J'ai cru aussi deux fois que j'étais arrivé.
La lettre, brusquement, se trouva dépliée.
Mais c'était fait par des personnes étrangères.
Qui ont lu, et relu, ta lettre toute entière.
Devant tant d'indiscrétion, j'étais indigné.
Pourtant je dois te dire que nul ne m'a touché.
Avec le doux baiser que j'ai reçu chez toi.
J'ai conservé un reste de parfum pour toi.
Mais, tu es impassible. Me suis-je trompé ?
N'est-ce donc pas à toi, que j'étais adressé ?
Pourtant, j'en suis certain, là-bas, sur le buffet.
J'ai vu, ta photo, près du bouquet de muguet.
Sur ce, le brin de muguet, cessa de parler.
Et moi, un peu confus, je m'en suis approché.
C'est vrai, que du parfum s'en exhalait encore.
Non pas, le doux parfum de fleur qui vient d'éclore.
Cependant cette odeur m'a quelque peu grisé.
Le papier de la lettre en était imprégné.
Et sur mes lèvres, j'ai senti, il m'a semblé.
Recevoir la caresse de ma bien aimée.
J'en étais tout ému, je ne puis l'expliquer.
Aussi c'est bête, voyez-vous, mais j'ai pleuré !
Pierre Julien
Réglementation de la vente du muguet sur la voie publique
L'article R. 644-3 du code pénal interdit la vente sur la voie publique sans autorisation. Ces dispositions ont été confirmées par un arrêt de la Cour de cassation - 2ème chambre civile, du 25 mai 2000 ; chambre syndicale des Fleuristes d'Ile de France c/Parti Communiste Français (PCF).
Toutefois, dans la pratique, et compte tenu que de nombreuses communes organisent elles-mêmes par arrêté municipal la vente du muguet, elle fait l'objet de la part des autorités locales d'une tolérance admise à titre exceptionnel conformément à une longue tradition.
Réponse ministérielle publiée au JO du 04 juin 2001
"Les ventes de fleurs ainsi que toutes ventes sur la voie publique, sont réglementées. L'exercice d'une activité commerciale sur le domaine public est, en application des articles L. 2212 et L. 2213 du code général des collectivités territoriales, soumis à une autorisation de stationnement ou de voirie délivrée par les autorités locales, auxquelles il appartient de vérifier que les demandeurs exercent régulièrement leur activité.
Par ailleurs, l'article L. 442-8 du code du commerce interdit à toute personne d'offrir à la vente des produits en utilisant le domaine public dans des conditions irrégulières.
Les infractions à ces dispositions sont passibles des amendes prévues pour les contraventions des quatrième et cinquième classes et peuvent entraîner la confiscation, voire la saisie, des marchandises.
Les ventes effectuées en des lieux non destinés à cet effet sont soumises aux dispositions de l'article L. 310-2 du code du commerce sur les ventes au déballage.
Les vendeurs en situation irrégulière sont passibles d'une amende de 15 000 euros. Ces réglementations font l'objet de contrôles réguliers de la part des services compétents, police, gendarmerie ainsi que ceux de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes.
En 2000, les 1 700 contrôles effectués par ces derniers ont donné lieu à 130 procès-verbaux.
La vente de muguet le 1er mai rentre dans ce dispositif réglementaire.
Cependant, cette vente effectuée par des personnes non munies des autorisations nécessaires fait l'objet, de la part des autorités locales, d'une tolérance admise à titre exceptionnel conformément à une longue tradition.
Au demeurant, de nombreuses communes organisent elles-mêmes, par arrêté municipal, la vente du muguet par des particuliers le jour de la fête du Travail."
Dossier préparé par P. de Haut & Michel Philbert