Musée virtuel de la Résistance
et de la 2ème guerre mondiale

dans les Amognes & le Nivernais-Morvan

Le contexte général
La propagande Nazie
La propagande Alliée
Uniformes et équipement des troupes
Les armes
Particularités du Nivernais-Morvan
Les maquis du Nivernais-Morvan
La 2éme guerre dans les Amognes
Les préfets de la Nièvre pendant la 2éme guerre mondiale
Les chansons de 1939 à 1945
Le cinéma de 1939 à 1945
La journée du 4 septembre 1944 à St-Benin
Histoire du soldat Alojzy WENTA
Principales dates de la 2éme guerre mondiale
Timbres poste pendant la 2éme guerre mondiale
Météo pendant la seconde guerre mondiale
Exposition itinérante "Occupants, occupés"
Musées nivernais Résistance et 2éme guerre mondiale
Marcel Déat, ministre sous l'occupation
Commémoration de la Victoire Alliée
Bibliographie sur la Résistance

Les maquis Nivernais

La Résistance externe et interne et les maquisards
La Résistance extérieure naît le 18 juin 1940 avec l'appel du général Charles de Gaulle, répondant au discours du maréchal Pétain de la veille en refusant l'armistice signé et en encourageant la résistance militaire.
De Gaulle est bien seul au début, même si le 28 juin 1940, le gouvernement britannique le reconnaît officiellement comme "chef de tous les Français libres".
Les ralliements à de Gaulle sont d'abord limités : la plupart des militaires français réfugiés en Grande-Bretagne préfèrent l'Etat français né de la défaite, à une France combattante siégeant à Londres.
Quelques officiers (comme Leclerc) et des administrateurs (comme Eboué) conduisent l'Afrique occidentale dans le camp de la France libre dès août 1940 atténuant l'échec du débarquement à Dakar en septembre de la même année.
En 1941, la Nouvelle Calédonie, Tahiti, les possessions en Inde se rallient à leur tour, permettant à de Gaulle d'asseoir sa légitimité auprès des Alliés britanniques, puis américains et soviétiques.
En décembre 1941, la France libre a une représentation diplomatique à Londres et à Moscou.

La résistance interne
Les résistants sont représentés par deux groupes : les FFI (Forces Françaises de l'Intérieur) très attachées à un patriotisme non radical, qui reconnaissent pour chef le Général de Gaulle...
... et les FTPF (Francs Tireurs Partisans Français) de sensibilité de gauche, engagés sous l'autorité du Général Giraud, ce qui explique certains désaccords.
Dans la Nièvre, les FFI sont dirigés par le colonel Roche, et les FTPF par monsieur de Champeaux et Roland Champenier.

L'armée française issue de l'armistice hésite un moment entre l'obéissance au général Giraud, soutenu par les Américains et peu enclin à dénoncer le régime de Vichy, et le ralliement au général de Gaulle. Finalement, avec le soutien déterminant de la Résistance intérieure, c'est la seconde option qui l'emporte, permettant à de Gaulle d'écarter Giraud et de rester le seul interlocuteur des Alliés.


insigne des FFI de la Nièvre
Les Forces Françaises Libres ou Forces Françaises de l'Intérieur

En 1941, les Forces Françaises Libres sont modestes. Elles regroupent les troupes de Leclerc au Tchad (qui se sont illustrées à Koufra), quelques marins et aviateurs en Grande-Bretagne et au Moyen Orient, après les opérations de Syrie.
En juin 1942, la brigade de Koenig se distingue à Bir Hakeim. Ces forces s'étoffent après le débarquement en Afrique du Nord en novembre 1942.
Dès 1943, les Forces françaises libres, équipées par les Américains, se battent avec les Alliés. Un effort de mobilisation permet de constituer une armée de 500.000 hommes, en grande partie constituée d'Algériens et de Marocains, sous le commandement de chefs ayant rompu avec Vichy (comme de Lattre de Tassigny ou le général Juin).
Cette armée ss'engage à partir de 1943 en Italie, puis en France en 1944 : la Division Leclerc débarque en Normandie et l'armée dirigée par de Lattre de Tassigny débarque en Provence, la première participant à la libération de Paris, la seconde remontant au travers du sud-est du pays, délivrant Marseille puis Lyon avec l'appui de la Résistance intérieure qui a déclenché l'insurrection nationale.
Au fur et à mesure de la libération du territoire français, les Forces Françaises de l'Intérieur vont grossir les rangs de l'armée régulière pour accroître le contingent français au sein des armées alliées.

Engagement d'honneur du "Franc-Tireur Partisan Français"

Je soussigné, déclare m'engager dans les rangs des F.T.P.F. pour servir avec honneur en tous lieux et jusqu'à la Libération totale du territoire français. Je jure de combattre avec fidélité et discipline dans les unités F.T.P.F. qui sont, sur le sol de la patrie, l"avant-garde de l'armée de la France combattante. J'ai conscience des devoirs que j'assume en appartenant aux forces de la Libération nationale et de combattre aux côtés des soldats de l'armée du général de Gaulle ilustrés à Bir Hakeim et de l'armée du Général Giraud.

En souscrivant formellement aux prescriptions du code d'honneur des F.T.P.F. je m'engage :
1- A servir la France, me consacrant de toutes mes forces à l'action contre les envahisseurs et les traîtres à leur solde afin que la France, libre de tout occupant, retrouve son indépendance et sa souveraineté au milieu des nations libres.
2- A exécuter avec discipline et conscience tous les ordres qui me seront donnés par mes chefs, la discipline librement consentie, fermement appliquée, étant indispensable à l'accomplissement de notre action et à la sécurité de nos forces.
3- A garder le secret le plus absolu envers quiconque sur tout ce qui concerne les unités F.T.P.F. et tout ce qui s'y rapporte, leur organisation, leur action, leurs chefs, ainsi que toutes les organisations quelles qu"elles soient.
4- A résister, au cas où je serais fait prisonnier par l'ennemi ou par la police dite française, à toutes les menaces comme aux pires tortures, à ne jamais donner aucune déclaration ou indication quelle qu'elle soit, sur n'importe quelle organisation de F.T.P.F ou autres, ou sur aucune personne connue et inconnue, ou sur telle ou telle opération passée ou à venir.
5- A venger tous les crimes commis par l'ennemi ou ses policiers contre les patriotes.
6- A rechercher tous les traîtres coupables de délation à l'égard d'un patriote ou d'une organisation, et qui se sont par cela même condamnés au châtiment de la peine de mort qui doit leur être appliquée dans le plus bref délai et sans recours possible. Tout individu s'opposant à l'application du châtiment à l'égard d'un délateur doit être considéré comme solidaire de sa trahison et puni en conséquence.
7- A observer scrupuleusement toutes les règles de l'action illégale et clandestine auxquelles sont soumis tous ceux qui combattent contre l'envahisseur dans les conditions de l'occupation du territoire (ces principales obligations et règles sont énumérées sans la note de service 210A sur la sécurité, dont je déclare avoir pris connaissance).
8- A accomplir toutes les missions qui me seront confiées avec célérité, esprit d'initiative et d'abnégation, à reconnaître pour chef, au cas où mon unité se trouverait privée de son commandement au cours de l'action, soit son suppléant, soit le meilleur et le plus expérimenté des combattants afin de mener l'action jusqu'au bout.
9- A prêter au maximum aide à tout patriote en danger ou blessé et à faire le maximum d'efforts pour l'aider à conserver ou à recouvrer la liberté.
10- A participer activement au recrutement de nouveaux combattants pour renforcer les unités F.T.P.F, à accroître mon instruction militaire, à aider à l'instruction de mes camarades, afin d'accroître la qualification de mon unité par l'étude de l'art militaire, du maniement des armes, et surtout par un effort constant pour accroître sa force offensive, ses moyens de combat et élever toujours plus haut le niveau de son action.
11- A conserver toujours une conduite exemplaire afin que l'honneur des F.T.P.F ne puisse être entâché par un acte indigne d'un soldat de la Libération nationale et à faire respecter autour de moi la discipline, à faire régner la discrétion, tout bavardage étant considéré comme un manquement grave à la sécurité et à la discipline.
12- A observer à l'égard de tout patriote appelé à m'aider ou à m'héberger une conduite exemplaire, à veiller à la ville ou à la campagne à l'observation vigilante de toutes les mesures propres à assurer leur sécurité, à savoir passer inaperçu, à restreindre au maximum mes entrées et sorties, à témoigner par ma conduite et ma tenue de la gratitude à l'égard des patriotes qui m'aident à accomplir ma mission, à renforcer par mon exemple leur foi dans la cause de la Libération de la Patrie.

ORIGINE des MAQUIS NIVERNAIS
L'occupation allemande dans la Nièvre a été ralentie du fait de l'encombrement des routes et des voies ferrées créé par la débâcle militaire et par l'exode des habitants du Nord de la France.
C'est le 16 juin 1940 que les troupes nazies arrivent du nord du département pour être le lendemain à Nevers et passer le 18 dans l'Allier.
Sous l'occupation, le Nivernais-Morvan constitue une région présentant des caractéristiques idéales pour abriter des maquis.
De fait, il en compta 48 au total.

La Nièvre entre en résistance
La première forme de Résistance est née naturellement, lorsque les soldats de l'Armée Française exténués, ne voulant pas se rendre, se cachent dans les bois, en particulier dans le Haut-Morvan et sont recueillis par les habitants qui facilitent ensuite leur passage en zone libre.

Une autre forme se manifesta à la suite de l'installation d'un camp de prisonniers français à Fourchambault : ravitaillement clandestin, évasions, traversée de la Loire et franchissement de la ligne de démarcation par des passeurs.

La troisième forme, la plus importante, prit naissance avec un afflux important de jeunes, réfractaires au STO qui préfèrent passer aux maquis plutôt que de partir travailler dans les usines allemandes.

Cette résistance rurale a puisé sa force dans l'isolement du Morvan des années 40, mais surtout dans la solidarité de nombreuses familles, et dans les valeurs de notre République bien ancrées ici depuis le XIX siècle.
La plupart des maquis portaient le nom de leur chef. C'est sous ces noms qu'ils entrèrent dans notre Histoire, et dans la légende de la Résistance Nivernaise qui réunit près de 9000 hommes à la veille de la Libération, en plus des maquis recencés. Quels étaient les motifs de ces engagements, qui conduisaient à l'héroïsme sans y être forcément préparé (amour de la liberté, refus de l'oppression, une certaine idée de la France, foi ou goût de la justice, camaraderie et fraternité des armes...)
Leur jeunesse et leur inconscience du danger fera le reste.

La technique employée
Le commandement FFI de la Nièvre donnait les instructions d'embuscade suivantes :
"... Prendre position en bordure d'une voie que l'ont sait fréquentée et dans un site bien protégé soit qu'il surplombe la route, soit parce que la végétation permet une bonne dissimutation, une efficace protection, la possibilité d'un repli rapide.
Lorsque le convoi passe, le fusil-mitrailleur placé en avant du dispositif a pour mission de bloquer le premier véhicule. Toute la colonne est alors stoppée, immobilisée et soumise pendant un court instant, cinq ou six minutes au maximum, au feu intense et évidemment meurtrier des assaillants.
Le premier moment de surprise passé, les maquisards ont l'ordre formel de décrocher, de se replier et de répéter l'opération un peu plus loin... C'est ainsi que les Allemands auront la désagréable impression que voies et forêts fourmillent de maquisards».


La résistance spirituelle : Les jocistes
Les catholiques et notamment les jocistes à travers leur approche religieuse, se sont également engagés dans la résistance. On connaît d'ailleurs assez bien à travers les films populaires sur cette période le rôle joué par l'Eglise et ses serviteurs pour cacher ou héberger les juifs traqués par les allemands...
Cependant, un certain nombre d'entre eux ont été capturés, torturés et dans le meilleur des cas, enrôlés comme travailleurs au service du IIIéme Reich.
La littérature historique traitant de cette période aborde assez peu le cas spécifique de ces combattants de Dieu à travers la Résistance et l'Exil, ainsi que le rôle qu'ils ont joué.
L'ouvrage d'Elie POULARD " Mémoires d'un Jociste déporté du travail - Résistance spirituellle 1943-1945 ", Imprimerie Barlerin - Decize - 2005 - 120 pages. édité par l'Association Départementale des Déportés du Travail de la Nièvre apporte des témoignages intéressants à cet égard.

La Résistance au fil des ans
1940
:
Il semble que le premier noyau organisé se soit formé aux Ateliers de Vauzelles pour se répandre assez rapidement dans certains secteurs nivernais, en particulier dans les usines et à la SNCF.
Le 20 juin 1940 ,devant la menace de prise en gestion directe par l'occupant de l'Administration des Ateliers de Vauzelles, Fouchère, Secrétaire du Syndicat des Métaux, en accord avec quelques camarades et en l'absence de la Direction retenue en zone libre, prit l'initiative de constituer un comité de gestion avec un ingénieur et deux chefs d'ateliers présents à Nevers. Les Ateliers ouvriront le 1er juillet 1940, ce qui permit de recruter sur place des patriotes susceptibles d'accepter des missions dans la lutte contre l'occupant.
Un premier groupe est organisé pour l'impression et la distribution des Appels à la Résistance, de tracts et de journaux qui paraissent dès septembre 1940.
Le corps médical, s'engage aussi dans la Résistance Nivernaise (service de santé) avec Marius Durbet (futur maire de Nevers) sous la bannière de Pasteur Valléry Radot et de Paul Milliez, avec comme principal objectif de ravitailler les maquis en médicaments.
En novembre 1940 le Docteur Subert réunit dans son cabinet des Partisans Nivernais de la lutte clandestine avec des officiers belges et un agent anglais de l'Intelligence Service.
En décembre 1940, le Docteur Chanel, en liaison avec les services gaullistes, commence à recruter des patriotes dans le département de la Nièvre et se met en rapport avec le Docteur Subert.

1941 :
En janvier 1941, ceux-ci prennent contact avec des parachutistes venus de Londres à la recherche de terrains d'atterrissage et de parachutage.
C'est en janvier 1941 que le premier noyau de "Libération-Nord" est créé sur l'initiative de Pierre Gauthé et six de ses camarades.
Création à Lormes d'un groupe de résistants, sous l'impulsion de Henri Dennes, qui constitue la base du futur maquis "Sanglier".
Au même moment, les Groupes Francs, créés par Fouchère, qui plus tard deviennent Francs Tireurs et Partisans Français (F.T.P.F), continuent leurs distributions de tracts et sabotent le réseau haute tension à Vauzelles.
Le Docteur Subert fonde avec le Commandant Martin le "Groupement des Français du Morvan" pour mener la lutte contre l'occupant et réagir contre les idées de collaboration.
En avril 1941, les embarquements de troupes nazies continuent toujours sous la menace des mitrailleuses.
En mai, le réseau téléphonique militaire est de nouveau saboté à Pougues-les-Eaux.
Création par Jean Lavenant d'un groupe de résistants cheminots, intégrés plus tard au groupe "Libération-Vengeance".
Fusion du Groupement du Docteur Subert avec celui du Capitaine Brice et du Docteur Chanel.

Mise en place de l'organisation militaire
1941

Henri Ribière, Secrétaire Général de "Libération", donne l'ordre à son groupe dans la Nièvre de préparer des formations militaires sur les instructions du Général Köenig. Toutes les organisations de Résistance ayant reçu le même ordre.
Le noyau de "Libération" étant déjà surchargé d'autres missions, Pierre Gauthé charge le Lieutenant-Colonel Roche de mettre sur pied cette organisation militaire.
Il parcourt dès lors la Nièvre en vélo, par tous les temps, installant les cadres de la future Armée qui en 1943 gagnera les maquis et permirent de démoraliser l'occupant en le harcelant sans cesse.
Chaque arrondissement a son Chef, chaque canton son Responsable et lorsque vient l'ordre de créer les Forces Françaises de l'Intérieur (F F I) le Colonel Roche (qui s'appele Derenne, puis Moreau dans la clandestinité) avait largement préparé le réseau.
C'est l'idéal patriotique qui pousse les jeunes à s'engager dans le Maquis.
(un jeune de Fourchambault vint même à pied au maquis, ses souliers n'ayant plus de semelles.)
Les autorités allemandes réquisitionnent de plus en plus le bétail, les céréales et toutes les ressources alimentaires pour les acheminer vers l'Allemagne mettant la majorité des paysans du côté des résistants.
Des distributions massives de tracts, affiches et papillons renseignaient exactement la population de tout le département.

1942 :
En avril 1942, de nouveaux sabotages, en particulier à la Thomson où un stock considérable de pièces pour obus sont inutilisables.
Naissance et organisation du Maquis Camille avec Bernard (alias CAMILLE) et Longhi (alias GRANDJEAN).
En mai, 42 patriotes participent aux attaques des feld-gendarmerie de Nevers et de Prémery.
En juin, les services de l'Etat-Major sont attaqués à l'Hôtel de France. Le matériel de sabotage d'engins de destruction sort maintenant régulièrement des Ateliers de Vauzelles.
Les services spéciaux de la Gestapo sont attaqués en juillet 1942, rue Pasteur à Nevers, et les chiens policiers neutralisés par empoisonnement. Un wagon de ravitaillement militaire est incendié sur la ligne de Chagny.
En août, deux sabotages de ravitaillement militaire sont effectués sur la ligne de Clamecy et du fourrage incendié. Un attentat à la bombe est exécuté contre le siège de la L.V.F, place Wilson à Nevers. Un responsable FTP est arrêté.
A partir de ce moment-là, les actions de sabotage de voies ferrées ne se comptent plus, il y en a plus de 40 sur la ligne de Chagny et autant sur les lignes de Paris, Lyon et Bourges. Cela oblige l'armée allemande à se rabattre sur le réseau routier où ils deviennent plus vulnérables. C'est alors que le premier Maquis FTP se forme à la Fontaine-du-Bois près de Poiseux, alimenté pour l'essentiel par les réfractaires au Service du Travail Obligatoire (STO) et de déportation de main-d'oeuvre en Allemagne. Il a pour chef Marquereau, et ses embuscades complétent les sabotages des spécialistes du rail.
En novembre 1942, l'attaque près de Pouilly des services ennemis, donne accès à des renseignements précieux grâce à la récupération des dossiers de l'Etat-Major allemand.
Le 12 novembre, le Docteur Subert est arrêté et déporté à Buchewald où il trouva la mort.

1943 :
Le gouvernement de Vichy a installé à Dijon un "service de répression des menées antinationales" dirigé par le Commissaire Fourcade. Celui-ci envoie le 1er octobre 1943 à Nevers une petite brigade de répression sous l'autorité de l'inspecteur Dumontel, assisté de Messieurs Grimbaire, Berriot, Lebritz, Marais et Kohler. Cette brigade procède à l'arrestation d'un certain nombre de résistants : MM Robert Genet, Georges Leblond, Marcel Raveau, Georges Séverin, Henri Bussières, René Lepetit, Roger Beauger, qui sont incarcérés puis torturés à l'École Normale.

La résistance le long du canal du Nivernais
Ce témoignage atteste d'une forme de résistance plutôt plaisante et inattendue :
" - Ma grand-mère maternelle était éclusière (écluse 59 de Rechimet sur le versant Seine)... Je me souviens qu'elle racontait que lors de l'occupation allemande, quand des fûts de vin étaient en transit, nos "résistants", pompaient la moitié des fûts et remplaçaient le liquide manquant par de l'eau du canal..."

La résistance à l'hôpital : Charles Bourdillon
Né à Marseille le 11 octobre 1891, il est fils et neveu de médecins.
Charles effectue ses études de médecine qui seront interrompues par la guerre de 1914/1918 où il sera affecté au service de santé.
Sa conduite courageuse sur le front lui vaudra d'être décoré de la Croix de guerre.
Devenu interne des hôpitaux de Paris (Cochin), il est l'élève de Touraine et de Babinski qui patronne sa thèse, "la craniectomie décompressive".
Il épouse une nivernaise en 1924 et s'installe comme généraliste à Nevers en 1927, avec la double spécialités de neurologie et dermatologie, dans lesquelles il ne tarde pas à se faire une réputation de spécialiste reconnu, ce qui lui vaut de sillonner les routes et villes de la Nièvre, pour confirmer des diagnostics.
En 1940, lors de l'occupation de Nevers par les troupes allemandes, Charles qui est hostile au régime de Vichy va s'engager avec Marius Durbet (futur maire de Nevers) dans la Résistance Nivernaise sous la bannière de Pasteur Valléry Radot et de Paul Milliez, avec comme principal objectif de ravitailler les maquis en médicaments ; tout en continuant à exercer ses fonctions de médecin de l'hôpital et de la prison départementale.
Sa mission de résistance sera d'autant plus facilitée que les médecins de l'armée allemande Hail et Keuzer, en service à l'hôpital, qu'il fréquente quotidiennement sont profondément antinazis ; cela va faciliter les choses lorsqu'en 1943 la police de Vichy va torturer une dizaine de détenus résistants ; il organisera avec succès leur évasion.
Plus tard, Charles Bourdillon, alors médecin de la prison et de l'hôpital de Nevers, constate que Robert Genet, Georges Leblond, Marcel Raveau, Georges Séverin, Henri Bussières, René Lepetit, Roger Beauger, sont incarcérés puis torturés à l'école Normale et tente de s'y opposer.
Il juge alors nécessaire d'alerter M. Tardivat, substitut du Procureur de la République et le rencontre à son domicile 9 rue de la Chaussade, puis décide d'hospitaliser les victimes et de demander un rendez-vous au préfet Dramard qui le reçoit en présence de l'inspecteur Dumontel et du substitut. Cet entretien est l'occasion d'exprimer une vigoureuse protestation contre les tortures. Le Préfet s'étonne, l'inspecteur Dumontel s'indigne que l'on puisse critiquer ses méthodes de lutte contre le terrorisme.
Charles Bourdillon adresse alors une solennelle protestation au Préfet de la Nièvre et au Maire de Nevers (en même temps Président de la Commission Administrative de l'Hôpital). Apprenant que l'inspecteur Dumontel veut réincarcérer Leblond, il établit un faux diagnostic d'appendicite. Leblond sera opéré par le docteur Duncombe. Le 6 novembre 1943, six résistants hospitalisés, dont Leblond s'évadent de l'hôpital. Aussitôt révoqué par le Préfet Dramard, le docteur Charles Bourdillon abandonne ses fonctions de médecin de l'hôpital et de médecin de la prison.
Beaucoup plus tard (mai 1944), Charles sera longuement interrogé par le capitaine Mohr (Gestapo de la rue Jeanne d'Arc), et ressortira libre de cet interrogatoire. Apparemment selon M Salauze, Directeur Départemental de la Santé son dossier n'était pas encore parvenu de Dijon à Nevers. Encore plus tard, le 1er juin 1944, il sera réintégré dans ses fonctions par de Beaumais, le dernier préfet de Vichy. Le procès de la Spac aura lieu le 26 février 1945 (témoignages de Marlin et de Bourdillon) : Fourcade et Dumontel seront condamnés à mort. Louis Aubin alias Bernard avec Naudin de Saulieu, organisent un maquis dans la forêt chenue à Saint-Brisson.
Charles Bourdillon sera nommé, le 16 septembre 1946, Vice Président de la Commission Administrative de l'Hôpital ; il occupera ce poste pendant 14 ans. René Marlin, Directeur de l'Hôpital de 1939 à 1964 devient l'un de ses meilleurs amis.
Ses confrères qui lui font confiance le portent le moment venu à la Présidence pour la Nièvre du Conseil de l'Ordre des Médecins, et du Syndicat des Médecins. Charles sera le premier président du MRP pour la Nièvre. Jusqu'à sa mort, en 1963, il militera pour la liberté dans le cadre des valeurs de la démocratie chrétienne.

Des infirmières participent aussi à l'action résistante comme :
Gilberte Darçon, (décédée en 2018), qui vivait à et a prodigué des soins aux résistants blessés dans le maquis nivernais en juillet et août 1944, comme le confirment des attestations délivrées en 1945 par Félix Goby, le maire de Lurcy-le-Bourg et le Colonel Roche de la subdivision de Nevers.
Cependant, elles ne sont pas toujours recensées sur le site "Mémoire des hommes".

La mobilisation des cheminots
Londres est régulièrement tenu informé des mouvements de troupes allemandes par l'équipe de "Libération" de Nevers.
Nevers est un noeud ferroviaire essentiel pour les allemands, "Centre-Rames" de toute la France pour les les transports par rail. Il a son siège rue Jeanne-d'Arc, à côté du dispatching SNCF avec lequel il travaille.
A ce service se trouve Angelard, Sous-chef de Gare dispatcher, maire de Varennes-Vauzelles. Il permet de transmettre de précieux renseignements sur les mouvements des troupes allemandes.

Les groupes nouvellement constitués commencent à se manifester en arrêtant les réquisitions de bétail de Saint-Brisson et Montsauche (maquis Bernard), par des déraillement de trains et incendies de wagon (Maquis Louis) sur la ligne de Nevers à Chagny, aux Ardillys et à Luzy. Une bombe incendiaire placée dans un wagon de munitions fait exploser le train à Chagny. Le Capitaine Louis du War-Office prend le commandement du Maquis Louis le 28 décembre 1943 et entre en contact avec le Colonel Roche à Saint-Honoré.
Le 14 mars 1943, sous le contrôle du Bureau des Opérations Aériennes (B.O.A), et sous la direction du Capitaine Pichard (alias Picolo), le premier parachutage de la région (et un des premiers de la Nièvre) a lieu dans la plaine de Soumard, sur la commune de Saint-Andelain.

1944 :
L'année 1944 fut l'année des combats qui ont abouti à la libération du département.
On compte maintenant 48 maquis dans la Nièvre regroupant 11.600 hommes environ. 18 maquis ou groupes sont rattachés au groupe "Libération Nord", 16 maquis composent le "Bataillon Roland" avec 16 compagnies rattachées au "Front National" (qui n'avait rien à voir avec celui d'aujourd'hui !). L'unité d'action se forge au cours des combats, les uns se portant au secours des autres. L'unité de commandement se réalise, après le débarquement, sous la responsabilité d'un Etat-Major départemental installé au Maquis d'Ouroux dont le chef militaire était le Colonel Gaston Roche.
Leurs actions sont nombreuses et déterminantes mais exposent à des représailles sanglantes :
Au cours du premier semestre 1944, la nervosité de l'armée allemande est à son comble : accrochages avec les maquis, massacres de Druy-Parigny (voir ouvrage d'Emmanuel de MAIGRET "Un village... Une guerre. Druy Parigny 1939-1944, Editions de la Morande - Paris - 2004 - 137 pages), incarcération et assassinat de médecins résistants : Fanjoux de Cercy la Tour et Lévêque de Jouet-sur-l'Aubois sont emprisonnés, Hélion de Saint Saulge, et Dollé de Luzy sont assassinés.
Le 26 juin 1944, les Nazis arrivent à Dun-les-Places. A 20h30, tous les hommes se trouvant dans le village sont rassemblés sous le porche de l'église et sont fusillés. La population enfermée dans les maisons attend. La nuit du 27 au 28 va lui sembler éternelle au milieu des détonations, du crépitement des flammes, de la fumée des incendies. Après que les nazis s'éloignent avec leur butin, les survivants pourront établir le bilan de notre "Oradour Nivernais" seulement le 28 au matin : 27 cadavres, dont certains mutilés, rangés dans l'église dont la porte est criblée de balles, attestent s'il le fallait de l'horreur de la réalité du fascisme nazi.
Quelques jours après le bombardement de Nevers par l'aviation alliée le 16 juillet, et avant leur départ définitif du 6 septembre, les allemands font sauter le viaduc de chemin de fer le 3 septembre.
Viaduc du chemin de fer à Nevers après son bombardement le 3 septembre 1944


Le bombardement de Nevers
Le 3 septembre 1944, Nevers est bombardé de façon massive et générale à la lumière des fusées éclairantes par les Britanniques, et suivi d'un passage de plusieurs chasseurs américains ensuite.
Contrairement aux frappes habituelles et très "ciblées" de la RAF, ce fut un enfer qui se voyait et s'entendait à plus de 20 km à la ronde.
Ce bombardement a fait 162 victimes civiles françaises, et 21 allemands.
S'en suivra le bombardement de Neuvy sur Loire, cette fois-ci par les americains...

Parachutage des SAS à Briare en septembre 1944


Les femmes nivernaises dans la Résistance
Très jeune, la princesse Marie-Dorothée de Croy, a participé à la Résistance comme agent de liaison.
L'oeuvre du Chanoine du Grey, en fait peu état car elle a supprimé dans son témoignage que sa famille avait travaillé dans la Résistance et que sa mère fut décorée de la Légion d'honneur par Monsieur Mitterrand suite à la façon exemplaire dont elle a évité le pire pour son village de Saint-Benin lors des évènements du 4 septembre 1944.
Ce 4 septembre, suite à une escarmouche, une unité en repli prend 22 otages à Saint-Benin d'Azy, et sans l'intervention de la Princesse de Croÿ et du docteur Franck Bernard, ils auraient été fusillés.La famille de Croy a aussi hébergé 25 enfants juifs.
Autre cas évoqué par Christophe THIERRY et Janette COLAS "Une employée des postes résistante à Clamecy" (mémoire de maîtrise) - Université de Bourgogne, Dijon : 1996 - 128 p. + annexes.

A la Libération, le Gouvernement Provisoire se substitue à l'administration de Vichy. Le nouveau préfet de la Nièvre est M Jacquin, les maires de Nevers issus de la résistance sont : Léon Sainson, puis Marcel Barbot, puis Marius Durbet.


LES MAQUIS
Le maquis Bernard

La commune d'Ouroux-en-Morvan abrita le maquis Bernard, haut lieu de la résistance en Morvan. Fondé en 1943 par le capitaine Louis Aubin, ce maquis fut l'un des plus anciens et des plus importants maquis local et compta jusqu'à 1200 hommes début septembre 44. La présence à ses cotés à partir de juin 44 à la fois de l'état Major départemental de la résistance nivernaise et des parachutistes anglais des fameux S.A.S (Special Air Service).

Le cimetière franco-anglais, compte 27 tombes, toujours entretenues en souvenir de tous les combattants morts, et rappelle qu'Ouroux-en-Morvan était le PC de la Résistance Nivernaise. Le maquis Bernard marqua la vie de toute la région, notamment par le soutien qu'il trouva auprès d'une population particulièrement motivée et dévouée à sa cause. Sa présence et les nombreuses luttes qu'il mena contre l'occupant permirent à cette partie du territoire nivernais d'être libérée avant le reste de la Nièvre et à la commune de devenir préfecture de la Nièvre pendant plusieurs semaines, à partir de mai 1944.

M. Bachaud, sous préfet honoraire, écrivait à ce sujet : "Le Général De Gaulle avait désigné M. Jacquin, un haut fonctionnaire des Finances, comme Préfet de la Nièvre libérée. En effet, tous les Préfets en place sous le gouvernement de Vichy devaient être remplacés. M.Jacquin me choisit comme Chef de Cabinet. Il décida de se fixer dans la Nièvre où il arriva le dimanche précédant l'Ascension 1944. Après un court séjour à Châtillon en Bazois, pour des raisons de sécurité, M.Jacquin vint à Nevers. Je l'hébergeais à mon appartement Place saint Laurent.

Mais, quelques jours après l'arrivée du Préfet dans la Nièvre, le Colonel Roche Commandant Départemental des FFI et P.Gauthé qui avaient été chargés de constituer le Comité Départemental de la Libération, avaient dû partir précipitamment de Nevers, la Gestapo s'étant présentée à leur domicile.

Ils trouvèrent d'abord asile à Saint-Honoré-les-Bains où ils restèrent quelques semaines. Mais les communications étaient difficiles et cette séparation posait des problèmes. L'état Major F.F.I. s'étant en définitive installé dans les bois de Coeuzon, le Préfet et moi-même l'y rejoignîmes. C'est de Nevers que M.Jacquin et moi sommes partis pour Ouroux après une escale à Champvert, en attente d'un véhicule. M. Jacquin fut hébergé à l'Huis-Miré.

Il fallait à la Préfecture un minimum de matériel pour fonctionner. Ayant appris que l'abbé Pean, patriote sûr, possédait une machine à ronéotyper, nous lui avons demandé de nous la prêter, ce qu'il fit volontiers. Il fallait une dactylographe. Une jeune fille étudiante en vacances et qui savait taper, se mit bénévolement à notre disposition.

A la préfecture d'Ouroux, on préparait les décisions qu'il y aurait à prendre une fois la Nièvre libérée et le Préfet installé à Nevers. Préfecture potentielle pour l'ensemble de la Nièvre, elle pouvait être "de plein exercice" pour la partie libérée du Morvan Nivernais. M. Le Préfet Jacquin y reçut plusieurs Maires ou personnalités pour régler des problèmes locaux.
"

Commémoration du souvenir du maquis Bernard
Par l'installation d'une effigie en bordure de la D.977 bis, reliant Corbigny à Montsauche, au lieu dit "Pont du Boulard". La statue représente un maquisard avec un fusil en bandoulière sur l'épaule droite.

Bibliographie
2 supports audios (cassette et C.D) réalisés par l'Amicale du Maquis Bernard retracent le contexte dans lequel le maquis s'est créé, et sur les conditions de vie des maquisards. (textes, commentaires, chants).
Durée 78 mn.
Vente - (Office de Tourisme d'Ouroux) : CD 16 € / cassette 15 €

" Promenons nous dans les bois " du docteur Alec PROCHIANTZ (chirurgien au maquis)
Cet ouvrage retrace quatre mois de la vie d'un chirurgien dans le maquis.
Vente - (Amicale du Maquis Bernard) : 15 €

Le Maquis Beynac
Commandé par Jean Thel.

Le Maquis Camille
Jean LONGHI.
Né à CORTE (Corse), le 9 aout 1911, il suit sa famille à Vincennes pour la mobilisation de son père en 14.
Militant communiste, il sera dessinateur à la cartoucherie de Vincennes.
A la grande crise, Jean restera deux ans chômeur. Il deviendra ingénieur à Colombes en 1934, militera à la CGT et au PCF.
Spécialiste de l'armement, il sera envoyé par le PCF en Espagne.
Il dirigera un atelier de fabrication de pistolets mitrailleurs Beretta, avec 800 personnes sous ses ordres, essentiellement des femmes.
La victoire de Franco le ramène en France en 1939.
Pourchassé, il se réfugie dans le Morvan avec Paul Bernard en octobre 1941. Il sera là pour la réception du premier parachutage anglais sur le Morvan, le 22 novembre 42, près de Saint-Léger Vauban.
Il gagne la Nièvre avec Paul Bernard (alias Camille), et fondera un des premiers maquis locaux : "Camille".
Fin 1943, il est nommé par le Service National Maquis responsable de tous les maquis FFI de la Nièvre. Il a de bonnes relations avec Roland Champenier installé à l'ouest du département.
Au Maquis Camille, il recoit après le 6 juin 44 les groupes SAS et les missions JEDBURGH, et crée avec sa soeur un service de santé et un hôpital de campagne au château de Vermot.
Il participera avec le commandant Roche à la libération de Nevers le 9 septembre 1944.
Démobilisé le 8 mai 1945, il partira travailler à Fourchambault, en Afrique du nord, puis à Toulouse.
Il revient en 1978 à Saint Martin du Puy, prenant un rôle là encore essentiel dans tous les travaux sur la Résistance dans la Nièvre, y compris le Musée de Saint-Brisson.
Il nous a quittés le jour de Noël 2005 à Saint-Martin du Puy.
Traction utilisée par le maquis Camille pendant la 2eme guerre Mondiale dans le Morvan
Traction avant siglée du maquis Camille, retrouvée à St-Brisson (Photo Anne Griffiths)

Bibliographie :
CHOFFEL Catherine - Le maquis Camille. Action, représentation et mémoire. Un exemple de Résistance en Morvan.- Université de Paris X : 1986. - 205 p. + annexes.


Le Bloc maquis Decize
Créé à partir du 15 juillet 1944, par le Commandant de Soultrait (nom de maquis Fleury), à la demande du Colonel Roche (commandant militaire du département de la Nièvre ), il regroupe différentes unités implantées à proximité de Decize et comporte plusieurs sections :

La « Compagnie Mercier »
commandée par le Sous-Lieutenant Mercier (nom de maquis : Blanc)
S'illustra notament par la destruction fin juin 1944 de la pompe située sur la ligne de chemin de fer, à Béard, qui approvisionnait en eau les locomotives... (restait plus que celle de Cercy-la-Tour. Les maquisards repartirent sans encombres par la route de Chaluères, après avoir miné la voie dans la tranchée d'Apilly.
Elle est aussi l'auteur, le 25 août 1944, de l'attaque du four à chaux près de Sougy-sur-Loire.

La « Compagnie Dunkerque »
commandée par le Sous-Lieutenant Dumeurger (nom de maquis Jones).
Charles Binon entra dans la « Compagnie Dunkerque» sous les ordres du Sous-Lieutenant Dumeurger, qui l'avait baptisée ainsi, parce que son régiment, le 104ème d' Artillerie, avait réussi à s'embarquer avec les Alliés en mai 1940 à Dunkerque, contrairement à beaucoup d'autres.
Ce maquis ne resta jamais très longtemps au même endroit : de Vanze, près de Verneuil, il s'installa ensuite à Lomboue, à quelques kilomètres d'Anlezy, vers le 12 août.
"... Il comprenait seulement une douzaine d'hommes. Peu armés, il avaient néanmoins un fusil-mitrailleur F.M. 24 trouvé dans une mare, au canon rouillé, une mitrailleuse, quelques carabines et revolvers.
En tant que sous-officier d'active (il était sergent-chef), Binon reçut l'ordre de contacter des officiers de réserve.
Il est allé voir Monsieur Guyot, maître d'école de Ville-Langy, puis Monsieur Lacour, maître d'école d'Anlezy, qui acceptèrent sans réticence de les rejoindre.
Le 30 août, deux gendarmes, un maréchal des logis et un adjudant - qui les avaient rejoint au maquis - arrivèrent avec la voiture de liaison au carrefour du Petit Lugues. L'un d'eux connaissait Madame Lemaître, qui tenait le bistrot du carrefour, et bien qu'ayant reçu l'ordre de ne pas s'arrêter « On va avoir deux ou trois paquets de tabac, et elle va nous payer un canon... »


A l'instant où ils entraient dans le café du carrefour, avec les hommes de la seconde voiture, arriva un petit détachement allemand.
Alertés, les hommes ressortirent, et, comprenant leur malheur, s'enfuirent comme une volée de moineaux, sauf un, Guyot, qui tira un coup de fusil et tua un Allemand, avant de se sauver.
Quant à celui qui tenait le fusil-mitrailleur, il le jeta dans la haie pour courir plus vite.
Les Allemands lancèrent aussitôt des grenades incendiaires à l'intérieur de la maison, et tirèrent des rafales d'armes automatiques par les fenêtres, qui mirent le feu au bâtiment. Il n'y eut aucune victime civile, mais la vieille camionnette brûlait : elle fut tout de même récupérée par la suite...

Après cet épisode peu glorieux, le maquis, pour se rapprocher de l'axe Nevers-Decize, s'installa au Domaine Grillot, au milieu du bois du Pavillon, entre Trois-Vèvres et Druy.

Le 31 août, l'embuscade de la ferme de l'Etang fut montée..."
(Selon l'ouvrage d'Emmanuel de Maigret : "Un village, une guerre" Druy-Parigny 1939-1944)

Le Capitaine Lacour devînt chef de compagnie, et créa à son tour la troisième compagnie du Bloc, aidé par un sous-officier d'active, Ponge.

Nouveaux groupes rattachés plus tard :
- La «Compagnie Chabet» créée par le Capitaine Emile Gribet (nom de naquis Henri) en forêt de Chabet, à côté d'Âzy-le-Vif.
- un autre groupe de maquisards se constituera en forêt de Munet, dirigé par le Capitaine Viard (nom de maquis Georges).
- D'autres compagnies seront créées par la suite, par le Lieutenant Guyot...
Regroupement tardif, mais à une période où rien n'était encore joué.
Les troupes alliées progressaient, mais très lentement et 60 jours après le Débarquement, la Bretagne devait être libérée jusqu'à une ligne Lisieux-Tours. Or la lère armée americaine n'avait pas encore atteint Saint-Lô !
Quant à la 2éme armée britannique, elle avançait avec difficultés au sud-ouest de Caen.


Le maquis Daniel
LE BOURNOT Georges et Lise : Maquis Daniel. Nièvre. - 52 p., ill

Le maquis des Fraîchot
En raison de ses fortes capacités d'accueil, Saint Honoré intéressait fortement les Allemands.
Les unités motorisées de la Vehrmacht entrent dans Saint-Honoré le 17 juin 1940 vers 16 heures. (elles sont à Luzy vers 17 Heures).
Un bataillon occupe les Hôtels, les Thermes, le Casino, la cavalerie s'installant au château de la Montagne, les prisonniers étant rassemblés à la Poterie tandis que quelques villas de particuliers sont aussi réquisitionnées.
La chaufferie des Thermes fonctionne en trois huit durant tout l'hiver très rigoureux de 1940/1941 pour assurer le chauffage de l'hôtel Thermal, devenu aujourd'hui le Bristol.
Les derniers éléments du bataillon de la Vehrmacht quittent Saint-Honoré à la fin du mois de mai 1941.
Les Hôtels du Parc et du Morvan sont transformés en hôpitaux, puis occupés par la troupe.
Mais de nombreuses familles juives y trouvent également refuge ; de nombreuses rafles et arrestations s'en suivent.
La résistance s'organise, le Maquis des Fraîchots est créé occupant les monts et forêts avoisinants, et conserve l'Hôtel du Guet pour centre.
De nombreuses actions furent menées jusqu'à la libération de St Honoré et l'arrivée des alliés dans l'après midi du 12 septembre 1944.

Parachuté par le S.O.E (Special Operations Executive), le Capitaine Paul Sarrette crée en 1944 un maquis de 1900 hommes dans les forêts avoisinants le Mont Beuvray.
Il est soutenu par les patriotes du Morvan comme Georges Perrandin, propriétaire de l'Hôtel du Guet, à Saint-Honoré les Bains, dont l'établissement sera successivement : hôpital militaire, dépôt de l'armée allemande, centre de luttte contre le S.T.O et Q.G de la résistance nivernaise.
Ainsi organisé et après s'être fait parachuté des armes lourdes, avec l'appui de la R.A.F, le Maquis des Fraîchots mène de nombreuses actions jusqu'aux débarquements.
Monsieur Jault, l'actuel propriétaire de l'Hôtel du Guet, l'a transformé en musée, en hommage aux combattants de l'ombre.
On y découvre une foule de documents (journaux, tracts, photos...)

Le Maquis Jean-Jaurès
Un des 4 maquis qui intervenaient dans la zone Nolay, Balleray et Arriault.
Raymond Cloiseau le dirigeait.

Le Maquis Julien
Fondé en janvier 1944, suite à la rencontre entre le colonel Pierre-Louis-Julien Hennéguier et le Colonnel Jarry, délégué militaire pour la région Nord du Général de Gaulle. Il lui est confié le commandement d'un groupe d'action immédiate, qui s'illustrera dans le Morvan pour son efficacité redoutable.
Pierre Henneguier (1913 - 1992) ; alias "Gil" ou "Julien" fut démobilisé en juillet 1940. Il renonce provisoirement à son métier de journaliste et s'installe avec sa famille à Marseille.
Il y fonde une entreprise de transport, sous le couvert de laquelle avec 3 de ses amis et quelques employés, il crée le premier réseau de résistance marseillais. Arrêté en décembre 1941, puis relâché, il continue ses missions avant de se faire contrôler en août 1943 par les allemands, dans un train roulant en direction de Nice, entre Fréjus et St-Raphaël. Il s'en échappe de justesse au prix d'une triple fracture du poignet et reprend ses activités au début de l'année 1944, à la tête du maquis Julien.

Le maquis Longhi
Créé en 1942 et dirigé par Longhi alias GRANDJEAN.

Le maquis Louis
Le Capitaine Louis du War-Office prend le commandement du Maquis Louis le 28 décembre 1943 et entre en contact avec le Colonel Roche à Saint-Honoré.
S'est illustré par des déraillement de trains et incendies de wagons sur la ligne de Nevers à Chagny, aux Ardillys et à Luzy. Une bombe incendiaire placée dans un wagon de munitions fait exploser le train à Chagny.

Bibliographie :
SAUGE Carine - Un maquis original LOUIS, War Office- Association pour la Recherche sur l'Occupation et la Résistance en Morvan, Saint-Brisson : 1999. - 151 p., ill.

Le maquis Le Loup
Georges MOREAU (ex-coifeur à Clamecy) est trés connu.
Son palmarés entre 1940 et 1944 est des plus éloquent. C'est un grand meneur d'hommes. Le 1er avril 1944 cinq résistants commandés par MOREAU, qu'on appelle pas encore "Le Loup" prennent le maquis, prés de Creux (commune de Villiers-sur-Yonne) au lieu-dit La Cage-au-Loup, ce qui donnera son nom au maquis et à son chef.
Reconnu officiellement le 1er juillet 1943, Dagain (de Libération-Nord), lui procure un téléphone clandestin qui lui permet de communiquer avec Jeanne COLAS postière à Clamecy et avec l'état-major d'Ouroux. Ce maquis, un des plus combatif de la Nièvre, deviendra plus tard le 7ème bataillon de la Nièvre, puis le 3ème bataillon du 4ème RI.

Le maquis Mariaux
S'est particulièrement illustré le 15 août 1944 lors des affrontements de Moussy-Forcy.
La Fédération des Anciens du Maquis Mariaux conduite par Guy de Maumigny (88, avenue Colbert à Nevers - tel : 03 86 61 43 02) édite un bulletin de liaison semestriel.
Il se souvient :
" A la suite des combats victorieux de Moussy-Forcy, un car de notre maquis a croisé un convoi allemand qui, nous l'avons appris par la suite, avait déjà été attaqué par un autre maquis dans la région de Lormes. L'échange de tirs a été immédiat, l'ennemi était sur ses gardes, tandis que nos malheureux camarades épuisés par quatre jours de combat, circulaient dans un car qui se révéla être une souricière, le convoi allemand continua sa route en direction de Château-Chinon, mais deux de nos camarades laissèrent leur vie dans cette rencontre (le sous lieutenant Lucien Gaigne, 52 ans, militaire de carrière ayant baroudé sous toutes les latitudes et le jeune Marcel Conrad qui n'avait que 17 ans) et des blessés furent soignés sur place par la population."
En faisait aussi partie : Raymond Girardin, Jean Gobet, Raymond Peudepièce...

Bibliographie
Maquis Mariaux - s.éd., s.l.: s.d. - n.p. (manuscrit)
Maquis Mariaux - Journal de marche. - s.éd., s.l. : s.d. - 69 p.


Le maquis Marquereau
Premier Maquis FTP formé à la Fontaine-du-Bois près de Poiseux en 1942, alimenté pour l'essentiel par les réfractaires au Service du Travail Obligatoire (STO) et de déportation de main-d'oeuvre en Allemagne. Il a pour chef Marquereau.

Le Maquis Melnick
Intervenait dans la zone Nolay, Balleray et Arriault.
Pierre Corbier le dirigeait.

Le réseau Pat O'Leary et Edouard MILLIEN
Monsieur MILLIEN occupait le poste de chef de division à la préfecture de Nevers. Dans cette situation, il fit preuve d'un esprit combatif hors du commun.
Ancien combattant de la guerre 1914-1918 (titulaire de la Croix de guerre), rescapé des Eparges (bataille pour la maîtrise de la crête des Éparges opposant la 12e division d'infanterie de la 1re Armée française à la 33e division d'infanterie allemande du 17 février au 5 avril 1915 au cours de la Première Guerre mondiale), de la Tête à Vache (aux abords d'Apremont-la-Forêt dans la Meuse), des Hauts de Meuse, «le chef» comme on l'appelait, fut un homme remarqué et apprécié de tous ceux qui l'ont connu.
A 45 ans il entrait en résistance et se sentit poussé par le devoir d'agir au mieux pour défendre une deuxième fois sa patrie. Son poste à la préfecture s'y prêtait particulièrement pour établir des documents qui ont sauvé la vie de nombreux résistants.
Il devint le chef du réseau PAT O'LEARY.
Ce réseau était spécialisé dans l'évasion des aviateurs alliés abattus dans les pays occupés par l'ennremi et qui devaient regagner l'Angleterre afin de continuer le combat. Grâce à édouard MILLIEN, un grand nombre de pilotes ont ainsi pu rejoindre l'aviation anglo-américaine qui manquait cruellement d'effectifs navigants. Cette action était grandement facilitée par les faux vrais papiers fournis et établis par Edouard MILLIEN.
Malheureusement cette action était très dangereuse et, le 25 février 1942, Edouard MILLlEN est arrêté à son bureau de la préfecture. à Dijon, le tribunal demande contre lui la peine de mort mais à la dernière minute, celle-ci est commuée en travaux forcés. Transféré à la prisonde Karlsruhe puis ensuite à Bruchsal, où il reste près de trois ans, il termine à la forteresse de Vaihingen-sur-Enz.
C'est là qu'il est libéré par les Américains. Une Nivernaise, Mlle de NADAILLAC, le découvre dans un état pitoyable.
De retour dans sa campagne nivernaise, il reprend des forces mais le mal est trop profond et l'emporte. La modestie d'édouard MILLIEN lui fait renoncer à tout honneur dont le poste de préfet qui lui a été proposé.
Le square des Déportés près de cette Loire qu'il a tant aimé porte son nom. Il était titulaire de la Légion d'honneur, de la médaille militaire et de la médaille de la Résistance.

Le Maquis Rolland
Au début juillet 1944, après avoir livré bataille aux allemands, les hommes du maquis Rolland se replient sur Nolay.
Le secteur est très résistant puisque 4 maquis occupent le terrain.
Malheureusement, la délation aboutira à un massacre :
Dans la nuit du 4 au 5 juillet, 2 parachutages destinés à Raymond Cloiseau (maquis Jean-Jaurès) et Pierre Corbier (maquis Melnick) se font dans la zone d'Arriault.
Mais au matin du 5 juillet, les allemands s'approchent du village par une petite route non surveillée par les maquisards ; ils font monter une partie de la population dans un car et fusillent : Gaston Chicouard, Pierre Delin, André Colas, Henri Colas, jean-Baptiste Girard devant leur maison, avant d'incendier le hameau.

Le Maquis Sanglier
En 1941, création à Lormes d'un groupe de résistants, sous le commandement d'Henri Dennes, qui constitue la base du futur maquis "Sanglier".

Le Maquis Serge
Le maquis Serge est installé dans les bois du hameau de Château, à Planchez, est essentiellement formé de jeunes réfractaires au Service du travail obligatoire (STO).
Ils s'organisent, à partir de mai 1943, autour de Gérard Drouin, alias Serge.
La stèle du Maquis Serge intitulée : "Aux morts de Maquis Serge", est implantée au carrefour des départementales D505 et D37.
Le monument comporte la citation de la commune et celle du commandant du Maquis, Gérard Drouin.
Y sont célébrés : BAZENET Léger, 1ère Classe - CHARLOT Eugène, 1ère classe - CLOIX Sylvain, 1ère classe - CORDIER Marcel, 1ère classe - DESVIGNES Charles, capitaine - CEY Robert, sergent - GOBY Gaspart, sergent chef - INNOCENTE Émile, sergent - LAMY Lucien, sergent - LEVASLOT Édouard, 1ère classe - LOISEAU Robert, 1ère classe - MUZARD Henry, Lieutenant - ORVIELLI Joseph, sergent - PROUDHON André, lieutenant - RADENNE Alfred, 1ère classe - ROULOT Georges, 1ère classe - ROZIER Maurice, sergent.

Le réseau Turma-Vengeance
Pour quelques résistants nivernais, ce réseau a été la première forme de leur action, dont : Roger Bertin, Ronbert Gaudry, Albert Graillot, Adrien Lévèque, Guy de Maumigny, Christian de Saint-Phalle...

Bibliographie sur les maquis nivernais
- DUFRENNE Lionel - Résistance 1944 "Les Maquis de la Nièvre" (conférence le 15 août 1945 à Crux-la-Ville). - n.p.
- de HAUT Paul - Nivernais Morvan au quotidien (1939 - 1945) - Editions Alan Sutton 2008 - 256 p. ill
- de MAIGRET Emmanuel -"Un village, une guerre" Druy-Parigny 1939-1944 - Edition de La Morande - Paris 2004.
- PICARD Henri - "Ceux de la Résistance" - Bourgogne Nivernais Morvan. Chroniques et pages de gloire - Edition Chassaing Nevers - 1947.
- RENAULT Noëlle - Le Maquis Serge - Éditions A. Sutton, collection "Témoignages et récits".