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Le Reich, son organisation et ses valeurs sont érigés en modèle universel. Par contre, la charge est virulente contre le camp Allié, ses divisions ou ses discordes. Elles sont exploitées et amplifiées à travers de nombreuses affiches ou caricatures. Les dessinateurs utilisent toutes les ficelles - l'image du tandem, ou bien celle du gâteau - pour montrer la domination d'un des Alliés (l'URSS le plus souvent) sur les autres. Staline traîne Roosevelt et Churchill par les bretelles, les fait avancer au "knout" ou les menace de ses revolvers. C'est aussi un chat qui guette les souris anglaises et américaines. Mais ailleurs, c'est lui qui fait avancer la bicyclette sur lequel sont installés les deux autres. Ou bien, un mendiant qui attend l'aide anglaise et américaine, désespérant de l'ouverture d'un deuxième front. L'URSS est dans la ligne de mire des dessinateurs. Son chef, est très fréquemment représenté et apparaît dans 33 caricatures. |
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Dans la période de guerre, la propagande se donne pour tâche de mettre le doigt sur les discordes pour mieux dénigrer l'ennemi. Il y a pourtant une différence importante dans la propagande"artistique" : la caricature est le seul domaine à échapper à l'obligation d'une représentation figurative, seul mode autorisé par le régime "national-socialiste", très attaché au réalisme. L'objectif des affiches n'est pas d'enjoliver ou d'exalter tel ou tel aspect du régime ou du peuple, mais avant tout de dénoncer l'ennemi. L'artiste est donc autorisé à déborder du figuratif, pour enlaidir et détruire les valeurs décadentes de l'ennemi, tout en valorisant la doctrine officielle. Ici, la forme rejoint le fond. Derrière le personnage, qui est le plus souvent la cible directe du dessin, il existe un arrière-plan idéologique. Un dessin représentant Churchill provoque d'instinct une aversion de par les a priori inculquées au lecteur grâce aux autres moyens de la propagande, mais également grâce aux éléments complémentaires introduits dans le dessin, ou la légende. Cet arrière-plan est le plus souvent simple, il dépasse rarement le premier degré. Mais il fait directement appel à des valeurs familières au lecteur. Les études récentes sur l'art Nazi ont montré que les oeuvres officielles du régime reposent sur un système de valeurs, historiques, sociales et morales, qui reviennent constamment dans la propagande présentant une image idéalisée par l'éducation que le régime inculque au peuple allemand. L'image que s'efforce de donner la propagande, à travers le cinéma, l'art, les affiches, est celle de la communauté raciale germanique. Cette communauté s'incarne tout d'abord dans un chef - ainsi, le fameux slogan : "Hitler, c'est l'Allemagne" -, qu'on retrouve également dans l'image idéalisée du chef de famille. Le Führer est à la tête d'un peuple, uni par le sang, enraciné dans un sol et dépositaire d'un passé glorieux. C'est pourquoi le régime se livre à une glorification systématique de l'Allemagne bucolique, du paysan traditionnel et fruste. Le retour à l'état de nature, la terre, la forêt sont des thèmes récurrents dans le fantasme Nazi et l'imagerie de carte postale imposée par le régime. La paysannerie est présentée comme l'élément sain de la société, enraciné dans la terre, loin du capitalisme, à l'abri de la ville corruptrice et cosmopolite. L'hostilité idéologique des dirigeants et des intellectuels nazis à l'encontre de la société industrielle et urbaine est souvent représentée : |
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![]() Brigade d'assaut francaise, constituée d'éléments Francais dans la Waffen SS |
![]() Affiche de propagande italo-allemande |
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Hitler, devenu chancelier du Reich le 30 janvier 1933, crée le Ministère de l'Information Populaire et de la Propagande.
Il en donne immédiatement la charge Joseph Goebbels (chef de la propagande depuis 1929 du Parti Nazi - le NSDAP).
Le service de propagande du NSDAP devient donc celui de la propagande officielle du Reich.
Tout se met en place rapidement :
- Le 22 septembre 1933, la Reichskulturkammer (Chambre de la Culture) est mise en place. Goebbels en assure la présidence. Il nomme directement les présidents des différentes chambres professionnelles. L'une d'elles a pour mission de contrôler la presse.
- Comme les artistes et les intellectuels, les journalistes et les illustrateurs qui souhaitent travailler n'ont d'autre choix que d'adhérer à la Chambre de la Culture, suite à l'ordonnance du 1er novembre 1933.
La presse écrite
Elle occupe une place essentielle dans la politique de contrôle des medias par le régime Nazi. Il existe plus de 300 publications nazies au début des années 30, mais les tirages sont loin d'être importants, à part le Völkische Beobachter (organe officiel du Parti). On peut s'interroger sur leur impact réel puisque seule une minorité des électeurs du NSDAP lit ces journaux. Il importe donc pour le Ministre de l'Information et de la Propagande, qui ne manque pas d'expérience ni de savoir-faire dans le domaine de la presse écrite, de s'adresser à un public beaucoup plus large. Les services de Goebbels prennent à cet effet le contrôle des quotidiens et des revues qui ne dépendent pas du Parti nazi, comme le Simplicissimus à Munich, le Lustige Blätter et le Kladderadatsh à Berlin.
Très intelligemment, le ministre tient également à offrir à l'opinion allemande une apparente diversité purement formelle comme dans les autres domaines de la propagande.
Le régime Nazi décide ainsi de maintenir une pluralité de titres dans le domaine de la presse quotidienne et des revues pour répondre à deux exigences : offrir un choix au lecteur, afin de ne pas le lasser (idée force de Joseph Goebbels) - et le convaincre, qu'il subsiste dans le Reich une liberté d'expression et une libre circulation de l'information.
La présence de caricatures dans des journaux à vocation satirique participe à cette entreprise de diversion. Qu'importe la méfiance naturelle des dirigeants nazis, méfiance partagée par Hitler lui-même envers ce media "petit-bourgeois" et "libéral" qu'est la presse écrite ; qu'importent les doutes sur son efficacité y compris dans le domaine de la propagande, où l'on pense que le mot parlé est plus utile que le mot écrit, et que l'image est plus forte que le mot.
Loi sur les rédacteurs en chef
La presse quotidienne et les revues doivent donc impérativement être mises aux ordres.
Le 4 octobre 1933, Goebbels promulgue la Schriftleitergesetz, privant l'éditeur de tout contrôle sur l'orientation de la rédaction. Le rédacteur en chef est ramené au rang de fonctionnaire d'Etat, tenu de s'inscrire à l'Association Nationale de la Presse Allemande. Il ne doit rien écrire qui puisse nuire à la Nation, formule suffisamment vague pour permettre l'enrôlement forcé des journalistes et l'épuration nécessaire.
Le Ministère de l'Information et de la Propagande organise régulièrement des conférences afin d'harmoniser le contenu des articles. Il adresse quotidiennement aux journaux et aux revues ses consignes à la presse (presseanweisungen). La rivalité entre les diverses personnalités et services qui contrôlent la presse quotidienne et les revues ne fait que renforcer la censure.
A partir de 1939, le contrôle sur la presse devient plus draconien encore, car il s'agit alors de soutenir le moral d'une population en guerre, dès lors que les armées allemandes connaissent leurs premiers revers et que la guerre s'éternise.
Au service de la propagande : la caricature
Les journaux, et notamment le Simplicissimus, (journal satirique à la base), contiennent de nombreuses caricatures. Le dessin humoristique est une forme d'expression autorisée par le régime Nazi, à condition qu'elle serve ses objectifs et qu'elle ne sorte pas du cadre étroit de ses conceptions concernant la création et l'information. Incisive et réductrice, la caricature associe une image simplifiée à un texte court. Elle se prête donc à la conception de Goebbels dans le domaine de la manipulation des foules : des images simples et fortes, compréhensibles par le plus grand nombre et entraînant une émotion plutôt qu'une réflexion du public. Le dessin humoristique, associant une image simplifiée à un texte court, répond à cette exigence.
En effet, le domaine de la création humoristique, par la liberté de ton et d'esprit qu'il présuppose, est certainement le plus difficile à mettre au pas par un régime totalitaire. Le tour de force consiste à l'intégrer pleinement au vaste plan d'encadrement des esprits, à côté des autres vecteurs de la propagande, tout en continuant à alimenter l'amusement du lecteur.
Mais ce rire doit être provoqué par des sujets bien définis et très limités et à aucun moment, le dessin humoristique allemand ne s'amuse du régime, de la population allemande, ou des soldats de la Wermacht. Le totalitarisme nazi ne souffre ni l'ironie, ni l'auto-dérision.
Les lecteurs allemands peuvent rire, mais aux dépens de l'ennemi exclusivement.
Représentation de l'ennemi
Par ses dessins humoristiques, l'affiche caricaturale répond à des critères bien précis : c'est souvent le seul élément qui tombe sous les yeux des enfants, des adolescents et de la femme au foyer. Elle doit donc être compréhensible et lisible par tous pour être efficace.
Les pays ennemis y sont symbolisés de façon à être immédiatement identifiés le plus souvent à travers une caricature de leurs dirigeants : Daladier, Chamberlain et Churchill, puis Staline et Roosevelt.
Les modes de représentation ne sont donc guère originaux ; ils véhiculent des images classiques et très réductrice des puissances ennemies qui ne doivent pas laisser place au doute :
Churchill, bedonnant et haineux, est muni de son parapluie et de son cigare sur lesquels son nom ou ses initiales (WC) sont fréquemment inscrites.
Staline, avec ses moustaches, sa vareuse, ses grosses bottes cloutées et son knout ; sanguinaire et malfaisant, conduisant un tracteur au milieu du champs de ses victimes ou tournant le pressoir qui broie sa population au profit de l'industrie de guerre ; spécialiste du coup de pistolet dans la nuque...
Roosevelt, vieillard handicapé et hystérique avec sa canne.
Les personnages secondaires, soldats ou simples civils, sont représentés à l'opposé du héros hitlérien : militaires désarmés, ridicules, aux traits et au physique risibles. Leur mort apparaît sous ses aspects les plus hideux. Le soldat allié est présenté comme sacrifié par ses chefs, Il n'inspire pas la sympathie, tout au plus la pitié, parfois...
Représentation des résistants