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Le Général Jean-Barthélemot Sorbier
(1762-1827)
Ancien camarade de garnison de Napoléon
(d'après l'ouvrage de L.M. Poussereau)


Né à Paris, le 16 novembre 1762, fils de Jean Barthélemot de Sorbier, écuyer, chirurgien-major des armées du Roy, Chevalier de Saint-Michel, conseiller à l'Académie Royale de chirurgie, et de Elisabeth Loubradou de la Perrière, participa à toutes les guerres de la Première République et de l'Empire.

Etats de service :
Il entre comme élève au corps royal de l'Artillerie le 1er septembre 1782. Il en sort 23éme sur 33 avec le grade de lieutenant, un an après.
Le 1er septembre 1783, est nommé Lieutenant en 2ème, surnuméraire au régiment de la Fère, puis dans le même grade en titulaire à la compagnie Chalup du même régiment le 1er juillet 1784.
Lieutenant en 1er à la 4ème Compagnie d'Ouvriers, le 4 octobre 1788.
En 1789, il figure comme lieutenant au régiment de la Fère (4ème brigade, compagnie de Baudesson) alors en garnison à Valence. C'est dans cette ville qu'il est camarade de garnison avec Napoléon 1er (de 7 ans son cadet) et devient son ami.
Nommé Capitaine en second de la 4ème Compagnie d'Ouvriers le 1er avril 1791.
La même année, il est employé à l'instruction et à l'organisation de la 7ème Compagnie d'Artillerie à cheval formée à Strasbourg, avant d'en devenir le 1er mai 1792, capitaine en second.
Il sert aux Armées du Centre et de la Moselle entre 1792 et 1793, il en devient Capitaine Commandant le 28 août 1792.
Il se distingue ensuite à la bataille de Valmy (20 septembre 1792) et surtout à la bataille d'Arlon (9 juin 1793) où il disperse un carré de grenadiers hongrois à la tête de la 1ère artillerie à cheval de son armée.
Se signale et se fait blesser au bras, lors de l'affaire d'Arlon, le 9 juin 1793, ce qui lui vaut d'être nommé Adjudant Général Chef d'Escadrons à l'Armée de la Moselle, le 22 juin 1793.
Suspendu de ses fonctions le 24 septembre de la même année, il est réintégré par le Comité de Salut Public et promu au grade de Chef de Brigade du 3ème Régiment d'Artillerie à Cheval, le 1er avril 1795.
Sert à ce poste à l'Armée de Sambre-et-Meuse entre 1795 et 1797.
Au premier passage du Rhin, le 6 septembre 1795 ; est chargé d'organiser la Place et le camp retranché de Düsseldorf, puis commanda l'artillerie de l'aile gauche de l'armée ;
Se fait remarquer à Altenkirchen, 4 juin 1796 ; puis sous Kléber à Uckerath ;
Se signale à la bataille de Neuwied et fut nommé provisoirement Par Hoche général de brigade d'artillerie sur le champ de bataille, 18 avril 1797 ; confirmé dans ce grade par le Directoire exécutif, l7 juin 1797 ; employé à l'armée d'Angleterre, 12 janvier 1798, puis à l'armée de Mayence, 1798 ; commandant l'artillerie de réserve de l'armée d'observation du Rhône, 18 mars 1799 ; général de division, 6 janvier 1800 ; inspecteur général d'artillerie, 21 janvier ; commandant l'artillerie de l'aile gauche de l'armée du Rhin sous Sainte-Suzanne, 16 mars ; puis l'artillerie de la 2éme armée de réserve à Dijon, ler juillet (devenue armée des Grisons sous Macdonald, novembre 1800); se signala au passage du Splügen, 4 décembre 1800 ; commandant l'artillerie du camp de Bruges sous Davout, 22 juin 1803 ; commandant en chef l'artillerie du 3éme Corps de la Grande Armée sous Davout, 30 août 1805 ; servit à Austerlitz, 2 décembre ; commandant en chef l'artillerie de l'armée d'Italie au 23 septembre 1806 ; Nommé comte de l'Empire le 6 juin 1808 ; commandant l'artillerie de l'armée d'Italie sous Eugène de Beauharnais au 1er avril 1809 ; servit à Raab, 14 juin ; grand cordon de la Couronne de Fer, 14 août 1809 ; commandant en chef l'artillerie de la garde impériale à la place de Lariboisière, 20 février 1811, commandant la réserve d'artillerie de la garde à la Grande Armée en Russie, 8 avril 1812 ; servit à Smolensk, 17 août ; à la Moskowa, 7 septembre.
Commandant l'artillerie de la Grande Armée sous le prince Eugène de Beauharnais pendant la retraite sur l'Elbe, 22 janvier 1813; commandant en chef l'artillerie de la Grande Armée en Allemagne, 11 mars ; premier inspecteur de l'artillerie à la place d'Eblé, 29 mars ; servit à Leipzig, 16-18 octobre ; commandant en chef l'artillerie de la Grande Armée en Champagne, janvier-avril 1814 ; commandeur de Saint Louis ; grand cordon de la Légion d'honneur, 29 juillet 1814.

Le général Sorbier avait comme Maître d'Armes un Monsieur Larrivée qui se trouve être un ancêtre des Thévenard de Jeugny (la Fermeté). Cet homme qui l'a suivi au cours de ses campagnes a été le témoin de quelque chose qui ne figure dans aucun livre d'histoire. Au cours de la retraite de Russie, la Grande Armée a dû retraverser la Bérésina, on sait dans quelles conditions dramatiques. C'est le général Sorbier qui avait reçu l'ordre de Napoléon de détruire les ponts - évidemment après le passage de l'Armée en retraite - pour bloquer les poursuivants et assurer un repli dans de bonnes conditions. Il n'a rien trouvé de mieux que de les détruire avant avec les conséquences que l'on sait. Cette bavure n'a probablement pas été sans incidence dans la chute de l'Empire...
Napoléon furieux aurait alors dit au Général : "Sorbier, votre nom ne figurera jamais dans l'Histoire !"

Sa soeur a épousé Jean Claude Flamen d'Assigny.

Le 13 mai 1815, il est élu par 55 voix sur 104 votants, pour représenter la Nièvre à la Chambre des Cent Jours.
Mis en non-activité le 2 août 1815 puis exilé à Cognac, pour avoir critiqué Napoléon, il est admis à la retraite avec une pension de 12.000 francs, le 4 septembre 1815 ;
Il retourne ensuite à St-Sulpice et en devient Maire sous la Restauration.

En 1827 soigné d'une grave maladie dans la maison de famille chez sa soeur Madame Flamen d'Assigny, et sentant sa fin proche, il décide de mourir chez lui au château de la Motte, à Saint-Sulpice.
Ses souffrances, ne permettant pas de le transporter en voiture, il sera porté à bras, dans une sorte de litière, par les faïenciers de Nevers, jusqu'à la Baratte. Malgré son état, il trouve la force de les faire marcher au pas pour que le mouvement soit plus souple et confortable pour lui.
Depuis Nevers, les habitants de Saint-Sulpice - dont il était maire - ses adjoints et le curé en tête viennent au devant de lui à cheval, en voiture, ou même à pied, pour se relayer et le porter jusqu'au Château de la Motte où il va rendre son dernier souffle, selon ses voeux, quelques jours plus tard.



Tableau commandé à un peintre non identifié, par la Comtesse Sorbier, née de Groy, sa veuve.

Le Général Sorbier y est représenté en train de recevoir les derniers sacrements au milieu de sa famille dans le hall d'entrée du Château de la Motte.
A genoux en redingote bleue : M. Frédéric Flamen d'Assigny (oncle d'Hubert Flamen d'Assigny). A son chevet, sa soeur. Se penchant sur le lit, Henri Flamen d'Assigny ancien garde du corps du roi (compagnie de Gramont). A la tête du lit le fidèle M. Lariche (ancien chirurgien retiré à Saint Firmin où il exerçait la médecine), qui suivait le Général dans toutes ses campagnes. Dans le fond, en gilet jaune : Baptiste Duprilot, régisseur de la Motte, père de Madame Baptiste Ponceau (de Mantelet) et oncle de Baptiste Duprilot qui passa 40 ans à Sury.


Depuis dix ans, le Général résidait habituellement au Château de la Motte, où il décéda le 23 juillet 1927 puis fut inhumé, le lendemain, dans la chapelle de l'église de Saint-Sulpice sous une dalle de marbre noir, avec cette épitaphe :

Ici Repose
JEAN BARTHELEMOT, Comte SORBIER
Premier Inspecteur Général de l'Artillerie de France,
Commandeur de l'ordre Royal et Militaire de St-Louis,
Grand Croix de l'Ordre Royal de la Légion d'Honneur,
Grand dignitaire de l'Ordre Impérial d'Autriche de la Couronne de Fer,
Décédé à l'âge de 65 ans, au château de la Motte, le 23 Juillet 1827.

Le nom du général Sorbier est également inscrit sur le côté Est de l'Arc de Triomphe de la place de l'Etoile à Paris.
On a donné son nom à une rue de Nevers, (quartier des Montapins) et de Paris (Quartier du Père Lachaise - XXéme).


Bibliographie :
Le Général Sorbier, ancien camarade de garnison de Napoléon - Louis Mathieu Poussereau (Imprimerie de la Nièvre 1925)