Louis Simonet (1905 - 1929)Né le 23 Mars 1905 à Sept Voies, ce fils unique d'origine paysanne, fréquente l'école communale de Saint Firmin et y obtient son Certficat d'Etudes (au rang de premier du Canton de St-Benin d'Azy) sous la houlette de M. Thollé, son instituteur. Puis il use ses fonds de culotte à l'école complémentaire de Corbigny, comme boursier, avant d'être interrompu dans ses études par une tuberculose pulmonaire qui le fait revenir au foyer paternel. C'est alors que pour s'occuper, il se met à la poésie. Ses premiers vers sont largement inspirés de la mythologie grecque. C'est sur les conseils de Louis Mathieu Poussereau, rencontré dans le Tacot en mars 1925, et avec lequel il noue des relations suivies, qu'il étudie l'oeuvre d'Achille Millien, qui lui servira dorénavant de modèle pour ses essais poétiques. Ses quelques oeuvres parues en 1929 dans « l'Année Nivernaise » révèlent un tempérament simple et sensible aux élans du coeur comme aux émotions calmes et prenantes de la nature. Son maître Achille Millien jugeait ses productions comme « une promesse de beau talent ». Sa santé s'étant améliorée et ayant obtenu à la suite d'un concours, un emploi dans les bureaux de la Trésorerie de Lunéville, il y reste près de 3 ans avant de revenir dans sa maison natale pour y mourir le 16 décembre 1929. A mon coeur Puisqu'ici bas, mon Dieu, la vie est éphémère, Puisqu'on arrive au soir en rêvant au matin, Puisqu'à l'aube d'amour le coeur chante incertain Et que son crépuscule est une plainte amère ; Puisque la fleur naissante, en sa grâce première, A des charmes plus beaux que la fleur qui s'éteint, Puisque l'aile des vents emporte sa chimère Quand l'homme se croit sûr et sourit au destin, Ah ! Déteste, ô mon coeur, toutes les fleurs fanées, Les belles dont le rire et l'éclat sonnent faux, Que le Temps, dans sa course, effleure de sa faux ; Mais préfère ces lis, naïves Dulcinées, Où miroite un abîme immense de splendeur, D'innocence, de grâce et de douce candeur ! A Achille Millien Tous ceux qui vous aimaient ne sont pas morts, ô barde, O chanteur glorieux des zéniths étoilés, Des coteaux nivernais dont le souvenir darde Son réconfort pieux au coeur des exilés ! Bien des yeux aux cités où le pas se hasarde Se sont à votre nom subitement voilés ! Tous ceux qui vous aimaient ne sont pas morts, ô chantre, Troubadour émané du pays nivernais Où le "meneux de loups" naguère avait son antre, Où tournoyaient jadis canettes et bonnets ; Dans le coeur paysan, épris du sol, il entre Un peu de votre coeur quand il lit vos sonnets ! Tous ceux qui vous aimaient ne sont pas morts ! Poète, Au foyer dévasté des amis sont venus, Courbant sur votre seuil leur grave silhouette, Sur vos recueils de vers penchant leurs fronts chenus ; Et, tandis qu'en l'azur s'élevait l'alouette, Des jeunes gémissaient de vous être inconnus ! Tous ceux qui vous aimaient ne sont pas morts ! La Nièvre A d'agrestes chanteurs au sein de ses guérets, Grisés par la résine ardente du genièvre, Enivrés des parfums de ses belles forêts ; Leur mémoire redit la "légende du Lièvre" Alors que dans la haie ils visitent les rets. Tous ceux qui vous aimaient ne sont pas morts ! La France Chérit avec orgueil ses enfants bien-aîmés Aux moments de splendeur comme aux jours de souffrance, Et ceux-là plus encore qu'elle sent animés Du souffle de Minerve, - et vit de l'espérance De moissonner les champs que vous avez semés ! Tous ceux qui vous aimaient ne sont pas morts ! Ravie, Immortelle, planant sur Beaumont et ses bords, Votre âme reverra, près d'une croix fleurie, Vos disciples émus, leurs larmes, leurs transports... Et les petits oiseaux, qui charmaient votre vie, Diront : " Poéte aîmé, ceux-là ne sont pas morts ! " Bibliographie : Louis Simonet - L'année Nivernaise 1929 (Louis Mathieu Poussereau) |