Réédité actuellement par le Livre de Poche, ce superbe livre est à découvrir ou à redécouvrir ; paru tout d'abord en 1904, c'est maintenant un classique.
Il nous fait revivre et nous apprend ce que fut la dure vie des paysans au XIXème siècle.
Tiennon, le narrateur né en 1823 près de Bourbon-l'Archambault, nous dit ce que fut sa dure vie de labeur, qui était la condition de tout paysan à cette époque.
A sept ans, il devait déjà participer aux travaux de la ferme de ses parents, et pour commencer, on lui confia la charge du troupeau de brebis.
Avant cinq heures du matin, il partait pieds nus dans ses sabots fendillés, avec son chien pour s'acquitter de cette tâche.
Son premier contact avec la société fut le catéchisme.
Il nous raconte aussi les mariages arrangés de ses frères aînés ; le choix de la future bru, n'était pas toujours celui du prétendant, mais celui de la mère de celui-ci, qui soucieuse de maintenir l'entente au sein de la vie communautaire, devait avoir une belle-fille au caractère assez docile, et surtout que le travail n'effrayait pas.
Les enfants restaient souvent à la ferme vivaient avec leurs parents, et les aidaient aux travaux agricoles.
Il nous narre les labours, la corvée de nettoyage des étables, la vente du bétail, quand il devait tout enfant partir à quatre heures du matin avec son père dans le froid, les veillées d'hiver au coin de la cheminée, et le service militaire par tirage au sort.
Ses frères restant à la ferme, arriva pour lui le temps où il fut en âge de travailler chez les autres, afin de gagner sa vie.
Désireux d'avoir sa propre ferme, et maintenant marié, il devint le maître, « maître-ennemi » apprenant à diriger sa ferme, ses ouvriers.
« Ma vie était fatigante et laborieuse, mais j'y trouvais du charme. Etant chef de ferme, je me sentais un peu le roi. »
Fier d'avoir la place d'honneur au coin de la cheminée, de s'asseoir au haut bout de la table.
Les enfants naquirent, mais il devinrent malheureusement (comme cela était souvent le cas) les instruments dont se servaient dans leurs jeux, les enfants des propriétaires du domaine. Car le paysan n'était propriétaire de rien, une dispute, un désaccord avec le propriétaire, et il en suivait la recherche d'un autre lieu à exploiter, d'une autre maison pour se loger.
Tiennon connût la guerre de 1870, la mort de sa fille et de sa femme, mais il continuera à suivre le chemin de ses parents. Vieux et presque impotent il a malgré tout sa place dans la ferme, aidant par-ci par- là ses enfants par des travaux moins pénibles, en gardant les bêtes par exemple comme 70 ans auparavant ; la boucle est bouclée, la succession assurée, il pourra partir tranquille. La mort ne lui fait pas peur, il craint uniquement de devenir celui dont on pourrait dire plus tard : « Le père Bertin est mort.dans l'état où il était, c'est un grand débarras pour lui et un grand bonheur pour sa famille. »
Malgré cette vie rude, presque absente de loisirs, les inégalités sociales, la guerre, la perte des être chers, l'insécurité devant la maladie, Tiennon garde une certaine philosophie de la vie.
L'auteur, surnommé « le Sage d'Ygrande » nous fait découvrir cette saga de la condition humaine qui n'a rien à envier aux romans balzaciens ou récits de Maupassant.
La vie, la survie devrait-on dire, les joies, les bonheurs simples, les drames, les inégalités sociales, tout y est dépeint de façon remarquable, sans amertume ni regrets.
Vous qui aimez la campagne, et son histoire, n'hésitez pas si vous croisez cet ouvrage sur votre route, arrêtez-vous, et faites un séjour dans l'Allier, dans le pays de Tiennon.
Malgré la dureté de la vie, la lecture de cet ouvrage nous fait réfléchir au sens de la vie, à ses priorités, et nous donne une grande leçon de courage et d'espoir. |
Titre
La Vie d'un Simple
Auteur
Emile GUILLAUMIN
Edition
Stock nature
Année
1943
Notation
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