Voici un livre d'horreur bien qu'il ne fasse pas partie des thrillers, polars, etc.
Pas d'hémoglobine à chaque page mais un suspense psychologique à vous couper le souffle.
Eva et Franklin forment un couple heureux ; ils ont tout ce que l'on peut désirer pour atteindre le bonheur : santé, argent, réussite professionnelle, belle maison, voyages, etc. mais ils n'ont pas d'enfant.
C'est pour cela qu'un jour, ils décident d'en avoir un.
Eva est enceinte, et déjà elle commence à rejeter son enfant, tout en énumérant les inconvénients de la parentalité, de voir sa vie sociale brisée, de voir son physique modifié, en bref elle a peur de devenir UNE mère.
Le jour de la naissance de Kevin, tout en disant « Je suis censée adorer cela », elle tente désespérément de lui donner le sein, mais celui-ci refuse systématiquement.
Ici commence une terrible adversité entre mère et fils, qui durera jusqu'à la majorité de Kevin.
Ce petit garçon « effroyablement » intelligent fait vivre un vrai calvaire à ses parents ; tout petit il fait démissionner toutes les nounous, plus tard il fera subir moult supplices à sa mère, allant de l'arrosage des murs de son bureau (qu'elle vient de refaire) à l'encre, à l'arrosage - encore - de la robe de soie blanche d'Eva avec du jus de raisin noir, etc.
Il est violent, odieux, vicieux, menteur, calculateur ; il sait exactement comment il pourra atteindre sa mère, il n'a de cesse de lui faire du mal.
Peut-être qu'une petite soeur calmerait le jeu.
Célia vient au monde, on la présente à Kevin qui ne trouve rien de mieux que de lui renverser de l'eau sur le visage.
Il a 14 ans lorsqu'un jour, « veillant » sur sa petite soeur, celle-ci reçoit une poussière dans l'oeil.
Pour lui retirer « efficacement » Kevin prend la bouteille de Destop et lui rince l'oeil. Mais « gentiment » il la fait hospitaliser. Elle portera désormais un oeil de verre.
Chaque page est une lente et terrible escalade vers l'HORREUR. On croit toujours arriver à la dernière marche mais c'est un leurre. Jusqu'au jour où Kevin tuera plusieurs camarades de classe, sa soeur, son père.
En prison il reçoit la visite de sa mère, lui fait cadeau d'une petite boîte qu'elle ne devra pas ouvrir. Mais elle n'a pas besoin de le faire pour savoir ce qu'il y a à l'intérieur. Son contenu vous donne des frissons. Eva lui demandant pourquoi il lui a laissé la vie, il répond « quand on monte un spectacle, on ne tire pas sur le public ». Avec cette phrase on a tout compris.
C'est un suspense psychologique inouï où il n'y a pas de mesure ni de borne à la violence la peur, la terreur. Par toutes petites touches l'auteur nous fait vivre leur cauchemar. Pourquoi Kevin en est arrivé là ; comment Eva qui a malgré tout voulu cet enfant peut-elle à ce point avoir autant de dégoût pour sa maternité, pour rejeter son bébé. Du comportement d'Eva découle celui de son fils, on le découvre au fil de ce récit.
Récit fait sous forme de lettre à Franklin ; le style est absolument impeccable, somptueux.
C'est un livre dérangeant, troublant, qui met parfois très mal à l'aise, mais unique en son genre. A lire absolument. Ames sensibles s'abstenir ! |
Titre
Il faut qu'on Parle de Kevin
Auteur
Lionel SHRIVER
Edition
Belfond
Année
2006
Notation
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